Prévalence de l’ostéoporose chez les patients post-cancer - 26/11/24

Résumé |
Introduction |
Les patients cancéreux ont une perte osseuse majeure qui peut aller jusqu’à dix fois la perte attendue pour l’âge [1 ]. Cette altération de l’appareil locomoteur expose les patients à un risque accru de fractures de fragilité. Ces fractures sont sources de douleurs, de déformations et de perte d’autonomie même si, par ailleurs, les patients sont en rémission sur le plan oncologique. L’objectif de notre travail est de décrire l’état osseux de la population post-cancer de notre centre hospitalier universitaire.
Patients et méthodes |
Nous avons mis en place une filière spécifique en hôpital de jour d’évaluation globale de l’état de santé des patients adultes atteints d’un cancer guéri ou en rémission. Les patients sont adressés par leur oncologue ou leur hématologue. L’objectif de la filière est de dépister les séquelles et les fragilités de ces patients pour les orienter vers une prise en charge adaptée et personnalisée. Nous présentons ici les résultats de l’évaluation osseuse qui comprenait interrogatoire, biologie et ostéodensitométrie lombaire et fémorale (Horizon Wi/W, Hologic®).
Résultats |
Entre février 2022 et mai 2024, 212 patients ont été vus dans la filière et ont bénéficié d’une ostéodensitométrie. La population était majoritairement féminine (66 %) et caucasienne (86 %). L’âge moyen (±SD) était de 53,2±13,3 ans. L’IMC était de 27,0±6,4kg/m2. Un quart des patients avaient un antécédent de chute. Les patients étaient principalement atteints de lymphomes (34 %), de cancers du sein (26 %), du testicule (11 %), de l’ovaire (6 %), du tube digestif (6 %) ou de myélomes (5 %). Le tabagisme actif et la consommation importante d’alcool (>3UI/jour) étaient plus fréquents chez les hommes que les femmes (21 % vs 10 % ; p=0,03 et 11 % vs 4 % ; p=0,03 respectivement). La prise d’antidépresseurs inhibiteur sélectif de la recapture de la sérotonine était plus fréquente chez les femmes que les hommes (26 % vs 8 % ; p=0,002). La prise d’inhibiteur de pompe à protons était fréquente mais non différente entre les deux sexes (23 %). La densité minérale osseuse des hommes était significativement plus haute chez les hommes que chez les femmes quel que soit le site : rachis (1,010±0,167g/cm2 vs 0,926±0,145 ; p<0,0001), col fémoral (0,806±0,164g/cm2 vs 0,733±0,123 ; p=0,004) et hanche (0,950±0,168g/cm2 vs 0,863±0,134 ; p<0,0001). Cependant la prévalence de l’ostéoporose (T score<−2,5) était plus importante chez les hommes (25 % vs 13 % ; p<0,05). La prévalence de l’ostéoporose était particulièrement importante chez les sujets jeunes (moins de 40 ans) avec 15 % vs 13 % et 11 % dans les tranches d’âge 40–50 ans et 50–60 ans (p<0,05). Chez les sujets jeunes, le site le plus souvent ostéoporotique était le col fémoral (15 %) par rapport à la hanche (11 %) et à la colonne (4 %). La prévalence de l’ostéoporose était la plus forte dans le myélome (46 %), l’ovaire (23 %) et le lymphome (18 %). En analyse multivariée, l’ostéoporose était associée au sexe (p=0,017), à l’âge (p=0,007) et à la calcémie (p=0,012).
Conclusion |
La population des patients post-cancer présente une forte prévalence de l’ostéoporose en particulier pour les hommes jeunes chez qui elle est plutôt corticale. La population post-cancer est marquée par un fort risque de chute et par la co-existence de plusieurs facteurs de risques osseux. La population post-cancer doit faire l’objet d’un dépistage de l’ostéoporose et d’un traitement approprié.
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Vol 91 - N° S1
P. A333 - décembre 2024 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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