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Utilisation des antalgiques opioïdes, non opioïdes et gabapentinoïdes chez les personnes ayant des douleurs musculo-squelettiques : données issues de la cohorte CONSTANCES - 26/11/24

Doi : 10.1016/j.rhum.2024.10.316 
F. Bailly 1, , B. Granger 2, A. Petit 3, S. Kab 4, V. Foltz 5, F. Tubach 2, B. Fautrel 6
1 Inserm, Institut Pierre-Louis d’épidémiologie et de Santé Publique - Paris, hôpital Pitié-Salpêtrière, Paris 
2 Service de biostatistiques, hôpital Pitié-Salpêtrière, Paris 
3 Centre de consultations de pathologies professionnelles, l’université Nantes Angers Le Mans (L’UNAM) CHUd’ Angers, Angers 
4 Constances, Inserm, Villejuif 
5 Rhumatologie, CHU Pitié Salpêtrière, Paris 
6 Service de rhumatologie, hôpital Pitié-Salpêtrière, Paris 

Auteur correspondant.

Résumé

Introduction

Une utilisation croissante des antalgiques opioïdes, non opioïdes et gabapentinoïdes a été rapporté dans certains pays, comme les États-Unis, entraînant une augmentation de la morbi-mortalité. L’objectif de cette étude est de décrire l’utilisation des antalgiques par les personnes ayant des douleurs subaiguës ou chroniques musculosquelettiques en France.

Patients et méthodes

Cette étude est une étude transversale nichée dans la cohorte Constances, qui est la plus grande cohorte en population générale française, constituée de volontaires, âgés de 18 à 69ans à l’inclusion et qui est chaînée au SNDS. Les données des questionnaires à l’inclusion ont été utilisées. Participants : Les douleurs lombaires, cervicales, d’épaule ou de genou durant plus de 30jours dans les 12 derniers mois ont été considérées significatives. Le syndrome douloureux chronique a été défini comme étant des douleurs en permanence dans les 12 derniers mois sur au moins 4 des 6 régions du corps. Les participants ayant un cancer dans les 12 derniers mois ont été exclus de l’analyse. Les données manquantes ont été gérées par imputation multiple. L’exposition d’intérêt a été définie sur la base des délivrances d’antalgiques (données SNDS) dans les 12 mois précédant l’inclusion. Pour les opioïdes (faibles ou forts), un équivalent morphinique oral (EMO) a été calculé, Une utilisation à dose élevée ou très élevée d’opioïdes a été définie comme un EMO>50 ou>90/jour. Une consommation chronique d’opioïde a été définie par au moins 4 délivrances distinctes sur 12 mois ou 3 délivrances et au moins 10 boites d’opioïdes sur 12 mois. Afin d’évaluer la tendance selon l’année d’inclusion, un test de tendance de Cochran-Armitage des délivrances chroniques d’opioïdes et de délivrances des gabapentinoïdes a été calculé.

Résultats

Au total, 155 312 personnes ont été incluses dans la cohorte CONSTANCES avec des données chaînées avec le SNDS de 2012 à 2020. Les délivrances de paracétamol, nefopam, AINS, gabapentinoïdes, opioïdes faibles et forts étaient très proches quel que soit la localisation douloureuse (Tableau 1). La délivrance chronique d’opioïde était entre 6,3 et 6,8 % pour les différentes localisations et de 13 % pour le syndrome douloureux chronique. Moins de 2 % des patients ayant des douleurs lombaires, cervicales, des genoux ou des épaules avaient des doses élevées d’opioïdes, et 5,2 % pour ceux ayant un syndrome douloureux chronique (tableau). Pour les différentes localisations douloureuses, il y avait une décroissance de délivrance chronique des opioïdes (p<0,001) entre 2012 et 2020. Il n’y avait pas de tendance à l’augmentation ou à la décroissance pour les gabapentinoïdes.

Conclusion

L’utilisation des antalgiques opioïdes et gabapentinoïdes pour les douleurs musculosquelettiques reste modérée en prévalence et en dosage, en accord avec les recommandations françaises et internationales. Il ne semble pas y avoir de « crise des opioïdes et des gabapentinoïdes » en France.

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Vol 91 - N° S1

P. A33 - décembre 2024 Retour au numéro
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