Glucocorticoïdes pendant la grossesse et l’allaitement : résultats de la revue systématique de la littérature informant la Task Force EULAR sur les médicaments antirhumatismaux pendant la préconception, la grossesse et l’allaitement - 26/11/24
Task Force EULAR pour la mise à jour des recommandations pour l’utilisation des médicaments antirhumatismaux pendant la période préconceptionnelle, la grossesse
Résumé |
Introduction |
La prise en charge des femmes atteintes de rhumatisme inflammatoire chronique (RIC) pendant la grossesse et l’allaitement présente de nombreux défis. Depuis la publication des recommandations EULAR 2016 [1 ] sur l’utilisation des médicaments antirhumatismaux avant et pendant la grossesse ainsi que l’allaitement, de nouvelles données ont été publiées.
Patients et méthodes |
L’objectif de cette revue systématique de la littérature (RSL) était d’informer le groupe de travail de l’EULAR sur l’utilisation de ces médicaments pendant la grossesse et l’allaitement. Cette analyse se concentre sur l’impact spécifique des glucocorticoïdes (GC). Nous avons interrogé Medline, Embase, Cochrane et LactMed entre avril 2015 et avril 2023 (Fig. 1), incluant des articles en anglais, français, espagnol et allemand. Toutes les études concernant l’effet des GC sur les complications obstétricales et infantiles chez les femmes enceintes ou allaitantes ayant une maladie inflammatoire chronique étaient éligibles. Si la qualité et l’homogénéité statistique des études étaient suffisantes, nous avons réalisé une méta-analyse, utilisant les estimations de risques ajustées sur les facteurs de confusion, en employant un modèle à effet aléatoire. Les odds ratios (OR) et les risques relatifs (RR) ajustés ainsi que les intervalles de confiance correspondants à 95 % sont présentés.
Résultats |
Parmi les 307 publications (incluant tous les traitements considérés dans la RSL), 21 études incluant 8777 grossesses et 5 articles incluant 32 patientes ont été respectivement retenus pour l’effet des GC sur la grossesse et l’allaitement. Les taux de fausses couches, de mort-nés, de malformations congénitales majeures, de prématurité, de faible poids de naissance, de retard de croissance intra-utérin, d’hypertension maternelle étaient respectivement de 9,4 %, 2,3 %, 5,2 %, 18,2 %, 22,2 %, 5,2 % et 5,5 %. Concernant les bolus de MP, seule une série de cas de 5 patientes a été trouvée, apportant peu de données. Une méta-analyse a été réalisée pour évaluer le risque de prématurité associée à une exposition aux GC pendant la grossesse : l’OR combiné ajusté était de 2,24 [1,73–2,91] (I2=0 %) et le RR combiné ajusté était de 1,53 [0,98–2,37] (I2=62 %). Dans 3 études rapportant la dose de GC pendant la grossesse, un effet dose a été observé.
Concernant l’allaitement (Tableau 1), 1 étude rapportait l’exposition aux formes orales et 4 aux bolus de MP. Les doses quotidiennes de prednisone/prednisolone orale étaient comprises entre 4 et 15mg, et les bolus intraveineux de MP de 1000mg. Les ratios lait/plasma variaient entre 0,02 et 0,60. Les taux de médicament après les bolus de MP étaient les plus élevés dans la première heure après l’injection et diminuaient de manière exponentielle en 4heures pour atteindre des niveaux moyens entre 0,32 et 1,40μg/mL. Toutes les doses relatives infantiles rapportées étaient très faibles, allant de 0,09 à 0,60 %. Une étude n’a rapporté aucun effet indésirable chez des nourrissons exposés, avec une durée de suivi de 3 à 12 mois.
Conclusion |
Une augmentation du risque de prématurité associée à l’exposition aux GC pendant la grossesse a été trouvée dans cette RSL avec méta-analyse, ce qui plaide pour une dose d’entretien minimale et l’utilisation d’un traitement d’épargne cortisonique (csDMARD ou bDMARD) compatible avec la grossesse. Cependant, les quantités de GC dans le lait maternel sont très faibles et aucun effet indésirable à court terme chez les nourrissons allaités n’a été rapporté.
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Vol 91 - N° S1
P. A307-A308 - décembre 2024 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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