Infection à gonococoque et arthrite : pas seulement une histoire d’arthrite réactionnelle. Défis diagnostiques et analyse d’une série de cas pour une prise en charge optimisée - 26/11/24
Résumé |
Introduction |
L’arthrite gonococcique est une complication grave de l’infection à Neisseria gonorrhoeae, pathogène dont la prévalence augmente dans la population sexuellement active. Une difficulté diagnostique majeure réside dans la différenciation entre l’arthrite réactionnelle et l’arthrite directe purulente, cette dernière nécessitant une prise en charge immédiate et adéquate. Les approches diagnostiques habituelles manquent souvent de spécificité et de sensibilité, ne permettant pas de distinguer efficacement les deux types d’arthrite. Par ailleurs, l’absence de signes uro-génitaux chez certains patients, combinée aux faibles performances de la PCR urinaire et des cultures, complique encore davantage le diagnostic.
Patients et méthodes |
Afin d’appréhender au mieux les outils diagnostiques, nous avons collecté rétrospectivement les patients (de janvier 2005 à mars 2024 au CHU de Liège, Belgique) avec un diagnostic d’arthrite gonococcique. Ceux-ci ont été sélectionnés si le patient avait une arthrite et une PCR ou une culture positive pour N. gonorrhoeae dans le liquide synovial ou le sang.
Résultats |
Six patients ont été identifiés, principalement des hommes (67 %) avec un âge moyen de 39 (± 13) ans. Dans 67 % des cas, les frissons et la fièvre étaient les symptômes initiaux. L’atteinte cutanée était présente dans 17 % des cas. Le nombre médian d’articulations touchées était de 2,8 (1–5), dont les principales la hanche, le genou et la cheville. Le diagnostic a été posé par PCR/culture sur liquide synovial (dans 67 % des cas) ou par hémoculture (dans 33 % des cas). Le délai moyen de positivité de la PCR articulaire était de 1,5 contre 2,5 jour (± 0,9) jours pour les cultures sanguines et articulaires positives. Fait intéressant, seulement 33 % des patients déclaraient des symptômes uro-génitaux, et la PCR uro-génitale était positive dans 60 % des cas lorsqu’elle était réalisée. La durée des antibiotiques (principalement la ceftriaxone) était variable, allant de 7 à 42jours. La majorité des patients (83 %) a eu un lavage articulaire.
Discussion |
L’arthrite gonococcique, liée à la dissémination hématogène de N. gonorrhoeae, un pathogène sexuellement transmissible, et principale cause de monoarthrite septique chez les adolescents sexuellement actifs, présente habituellement deux spectres d’expression clinique : l’arthrite réactionnelle (avec des caractéristiques extra-articulaires) et l’arthrite purulente localisée, qui nécessite un traitement rapide et adéquat. Notre série de cas met en évidence plusieurs points : (1) un diagnostic d’arthrite septique (et non d’arthrite réactionnelle) doit être suspecté lorsque le patient présente une arthrite avec une PCR uro-génitale positive ; (2) la PCR et les symptômes génito-urinaires manquent de sensibilité (présents chez 60 et 33 % des patients respectivement) ; (3) les cultures sanguines et synoviales présentent un délai plus long pour la positivité par rapport à la PCR du liquide synovial.
Conclusion |
L’arthrite septique à gonocoque est une réalité clinique et ne doit pas être confondue avec l’arthrite réactionnelle. La PCR sur le liquide articulaire fournit un diagnostic rapide, mais elle manque de sensibilité.
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Vol 91 - N° S1
P. A264 - décembre 2024 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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