Étude de l’interaction entre les polynucléaires neutrophiles et les plaquettes dans le Lupus Erythémateux Systémique - 26/11/24
Résumé |
Introduction |
Au cours du lupus érythémateux systémique (LES), l’activation plaquettaire corrèle avec l’activité de la maladie [1 , 2 ]. Les polynucléaires neutrophiles (PNN) expriment des niveaux élevés de PSGL-1, ligand de la P-sélectine (CD62P), suggérant une interaction entre ces deux types cellulaires. L’objectif de cette étude était d’étudier qualitativement et quantitativement les agrégats plaquettes-neutrophiles chez des patients atteints de LES, afin d’identifier des sous-types de neutrophiles interagissant de façon préférentielle avec les plaquettes.
Patients et méthodes |
Nous avons inclus de façon prospective des patients atteints de LES remplissant les critères ACR-EULAR 2019 (considérés actifs si SLEDAI clinique ≥1). Nous avons analysé par cytométrie spectrale (Cytek Aurora) des échantillons de sang frais avec un panel de 37 marqueurs immunologiques (plaquettes, des PNN et d’autres cellules immunitaires). Les agrégats plaquettes-neutrophiles étaient identifiés comme les PNN (CD66b+) co-exprimant les marqueurs plaquettaires CD41a±CD62P. Des analyses ont été réalisées avec le logiciel FlowJo v10.
Résultats |
Nous avons recruté 56 patients (dont 11 avec des prélèvements multiples dans le temps et 70 prélèvements au total). Les agrégats plaquettes-neutrophiles étaient augmentés chez les patients ayant un LES actif par rapport à ceux ayant un lupus inactif (p=0,0337). Le pourcentage d’agrégats n’était toutefois pas corrélé à l’activité de la maladie. Après exclusion des patients traités par anti-agrégants plaquettaires (connus pour diminuer les agrégats plaquettes-leucocytes, n=16 patients), il existait une différence significative du pourcentage d’agrégats entre les patients lupiques et les donneurs sains, et nous retrouvions une corrélation statistiquement significative entre le pourcentage d’agrégats et le score d’activité SLEDAI (r=0,408 ; p=0,005). Une analyse non supervisée montrait que les agrégats plaquettes-neutrophiles de patients lupiques présentaient un phénotype atypique (ICAM1↑, CXCR4↑, CXCR1↓, voir Figure 1). Cette sous-population neutrophiles (ICAM1↑, CXCR4↑, CXCR1↓) était fortement enrichie en agrégats plaquettaires (en moyenne 16,5 % d’agrégats vs 6,8 % parmi les PNN ne présentant pas ce phénotype ; p<0,0001).
Discussion |
Une sous-population de PNN ICAM1↑, CXCR4↑, CXCR1↓est décrite chez la souris comme capable d’une transmigration inverse de la peau (après activation par les UVB) vers les glomérules rénaux afin de promouvoir les lésions d’organes [3 ].
Conclusion |
Nous avons identifié dans le LES une sous-population de neutrophiles évocatrice de neutrophiles remigrants fortement agrégés aux plaquettes. L’identification de ces cellules par scRNAseq (sang) et en transcriptomique spatiale (biopsies rénales) est en cours. L’identification de ce phénotype de PNN « remigrant » chez l’homme et son interaction avec les plaquettes pourrait ouvrir de nouvelles voies thérapeutiques dans le LES.
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Vol 91 - N° S1
P. A143-A144 - décembre 2024 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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