Épidémie d’intoxication par de nouveaux opioïdes de synthèse sur l’île de la Réunion - 24/11/24
Résumé |
Introduction |
Le 4/08/2023, les médecins réanimateurs du CHU de la Réunion signalent au dispositif de toxicovigilance Océan Indien (DTV-OI) 4 personnes, dont 3 en prison, ayant été admises pour coma, après consommation de substances. Après enquête conjointe du DTV-OI et du centre d’addictovigilance (CEIP-A), un nouvel opioïde de synthèse (NOS) a été suspecté, conduisant à l’envoi d’une alerte à l’Agence régionale de santé (ARS) de la Réunion le 9/08/2023.
Méthode |
Les cas ont été documentés à l’aide des données cliniques des patients et, le cas échéant, d’une confirmation analytique. L’identification des substances a été réalisée (sang et/ou urine) à l’aide des techniques UPLC-MS/QTOF et GC-MS combinées à des bases de données de spectres de masse en ligne. Les cas ont été classés en : (1) cas confirmé (présence de symptômes compatibles avec une intoxication aux opioïdes et résultat positif pour un NOS) ; (2) cas probable (symptômes susmentionnés et lien épidémiologique avec un cas confirmé) ; (3) cas suspect (présence de symptômes et/ou autopsie compatibles avec une intoxication aux opiacés).
Résultats |
Du 27/06/2023 au 17/11/2023, 18 cas ont été identifiés : 15 hommes, âge moyen 29 ans, 10 admis en réanimation, 3 nécessitant l’administration de naloxone, 3 décès sans hospitalisation. Deux cas ont été considérés confirmés (positifs au protonitazène), 1 cas probable (ayant fumé le même joint qu’un cas confirmé), 5 cas suspects (3 décès). Pour 10 cas, l’imputabilité était moins évidente (Fig. 1). L’alerte a fait l’objet d’une concertation, impliquant ARS, secteurs hospitalier, médico-social, administration pénitentiaire, professionnels de l’addictologie et forces de l’ordre. Un communiqué de presse à destination du grand public a été diffusé par l’ARS le 11/09/2023.
Conclusion |
Plusieurs difficultés ont été rencontrées :
– l’aspect clinique de l’intoxication, les victimes présentant des symptômes d’apparition brutale mettant en jeu leur pronostic vital en l’absence d’une prise en charge médicale rapide ;
– le métabolisme rapide de la substance et la difficulté à la détecter dans les liquides biologiques malgré la réalisation de prélèvements proche de la consommation comme cela a été montré par les résultats différents de deux cas qui avaient partagé le même joint ;
– communication sur les risques difficiles en raison du petit nombre de cas confirmés et du peu d’informations disponibles sur les circonstances des intoxications.
La réactivité a été bonne mais la rapidité des échanges entre les différentes parties prenantes peut être améliorée afin de renforcer la préparation à d’autres menaces similaires liées aux substances psychoactives.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Syndrome opioïde, Nitazène, Océan Indien
Plan
Vol 79 - N° 6
P. 758-759 - novembre 2024 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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