Étude VigiSTIM : une analyse de disproportionnalité des cas d’abus/dépendance rapportés dans VigiBase® avec les médicaments utilisés dans les troubles déficitaires de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) - 24/11/24
Résumé |
Introduction |
Les médicaments utilisés dans les troubles déficitaires de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) augmentent les transmissions neuronales de différents neurotransmetteurs, dont la dopamine ; ce mécanisme d’action est à l’origine du potentiel d’abus/dépendance largement décrit par exemple pour le méthylphénidate. L’objectif de cette étude était de comparer la proportion des cas d’abus ou de dépendance rapportés dans la base mondiale de pharmacovigilance de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), VigiBase, avec les médicaments utilisés dans le TDAH.
Matériel et méthodes |
Nous avons réalisé une analyse de disproportionnalité à partir des données enregistrées dans VigiBase. Les déclarations éligibles étaient celles enregistrées entre le 01/01/2002 et le 30/06/2023 concernant des individus âgés de 15 ans et plus, dont le sexe était renseigné, et impliquant au moins un médicament utilisé dans le TDAH. L’analyse de disproportionnalité était basée sur le calcul des rapports de cotes rapportés (« reported odds ratio » en anglais, ROR) des cas d’abus ou de dépendance identifiés en utilisant la définition étroite de la SMQ (« standardized MedDRA query ») spécifique, ainsi que leur intervalle de confiance (IC) à 95 %, avec un ajustement sur l’âge, le sexe, la gravité, la qualification du déclarant et le continent d’origine de la déclaration, en prenant le méthylphénidate comme référence.
Résultats |
Nous avons identifié 55 219 déclarations en lien avec les médicaments utilisés dans le TDAH, dont 2634 étaient des cas d’abus/dépendance. Par rapport aux non-cas, les cas d’abus/dépendance identifiés dans cette étude concernaient des individus plus jeunes (âge médian : 33 versus 38 ans), plus souvent de sexe masculin (52,3 % vs 40,1 %), graves (89,3 % vs 43,9 %), et rapportés par des professionnels de santé (78,5 % vs 50,6 %). En comparaison au méthylphénidate, la proportion de cas d’abus ou de dépendance était plus faible avec l’atomoxétine (ROR : 0,36 ; IC95 % : 0,29–0,44), l’armodafinil (0,38 ; 0,24–0,59), la dexamphétamine (0,40 ; 0,28–0,62), le dexméthylphénidate (0,40 ; 0,23–0,60), le modafinil (0,48 ; 0,37–0,62), le bupropion (0,72 ; 0,64–0,81) et l’association amphétamine ; dexamphétamine (0,77 ; 0,65–0,92). En revanche, le ROR pour la lisdexamfétamine (1,06 ; 0,91–1,25) suggérait une absence de différence avec le méthylphénidate.
Conclusions |
Cette étude constitue la première comparaison exhaustive de la proportion des déclarations d’abus et de dépendance rapportées dans VigiBase avec les médicaments utilisés dans le TDAH. La lisdexamfétamine est le seul médicament parmi ceux étudiés qui présente une association non significative en comparaison au méthylphénidate. Ce résultat pose la question du risque potentiel d’abus/dépendance avec ce médicament, qu’il serait intéressant d’évaluer dans de futurs travaux.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Abus, Dépendance, TDAH, Disproportionnalité, Méthylphénidate, Lisdexamfétamine
Plan
Vol 79 - N° 6
P. 751-752 - novembre 2024 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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