Au total, 2550 cas de cancer sont diagnostiqués annuellement dans la population pédiatrique avec en première position les leucémies aiguës. Si les progrès thérapeutiques ont largement amélioré le taux de survie, la gonadotoxicité associée reste majeure. À but de préservation, il est proposé aux garçons prépubères une congélation de tissu testiculaire dont l’utilisation peut s’envisager selon différentes modalités dont la greffe autologue. Cependant, la greffe de tissu interroge sur le risque de réintroduction de cellules malignes résiduelles (Minimal Residual Disease MRD) au sein du tissu testiculaire congelé. L’objectif principal est d’évaluer, par biologie moléculaire, la présence et la persistance de la MRD au sein du tissu testiculaire de patients prépubères après maturation in vitro. L’objectif secondaire est d’évaluer la survie et la maturation des cellules germinales et somatiques.

Les tissus testiculaires issus de patients prépubères pris en charge pour une leucémie aiguë ont été maturés en culture in vitro organotypique pour une durée de 8 à 16jours. La quantification de la MRD a été réalisée en biologie moléculaire à J0, J8 et J16. Des analyses histologiques et d’immunofluorescence ont également été réalisées afin d’évaluer l’intégrité du tissu testiculaire, la survie et la maturation des lignées cellulaires via différents marqueurs.

Sur 5 patients inclus, 3 présentaient une MRD positive après décongélation, rendue indétectable à J8 et J16 de culture in vitro. La survie des spermatogonies a été confirmée aux trois temps de l’étude. La maturation des cellules de Sertoli entre J0 et J8 a été mise en évidence par co-marquage. L’activité de réparation de dommages liés à l’ADN était prédominante sur l’activité de prolifération cellulaire à J16.

Cette étude montre que la culture in vitro du tissu testiculaire réduit efficacement la MRD chez les garçons prépubères atteints de leucémie aiguë. Les techniques de biologie moléculaire utilisées se sont révélées fiables et reproductibles pour détecter et quantifier la MRD. La méthode de culture permet la survie et la maturation des lignées cellulaires. Des améliorations sont nécessaires pour réduire la dégradation des tissus sur le long terme mais ces résultats apportent déjà des informations cruciales pour le développement de la spermatogenèse in vitro et la réintroduction de la fertilité à l’âge adulte (Fig. 1, Fig. 2, Fig. 3).