Aménorrhées - 19/11/24
Résumé |
Les aménorrhées constituent un des principaux motifs de consultation en gynécologie, en endocrinologie et en médecine de la reproduction. Lorsqu'il y a une absence de cycle menstruel chez la fille après l'âge de 15 ans avec ou sans développement pubertaire apparent, on parle d'aménorrhée primaire (AP). Quand il y a une interruption des règles chez une femme préalablement réglée, le terme d'aménorrhée secondaire (AS) est utilisé. La distinction classique entre AP et AS est en fait un peu artificielle puisque leurs causes se recouvrent. Elle souligne simplement que les AP relèvent dans la majorité des cas de causes chromosomiques et génétiques alors que AS sont souvent secondaires à des maladies acquises. Cependant, des causes génétiques peuvent aussi se manifester par une AS et des maladies non génétiques par une AP. Après la puberté, l'absence de règles est physiologique pendant la grossesse, la lactation et la ménopause. En dehors de ces périodes, l'existence de cycles menstruels réguliers témoigne du bon fonctionnement du couple hypothalamohypophysaire gonadotrope et de la mécanique ovulatoire, ainsi que de l'intégrité de l'organe cible utérin. Donc, toute interruption du cycle menstruel au-delà de 2-3 mois, même après arrêt d'une contraception orale, est anormale et justifie impérativement une enquête étiologique avant d'envisager une quelconque thérapeutique. En pathologie, l'existence d'une aménorrhée témoigne d'une atteinte de l'axe hypothalamo-hypophyso-ovarien ou d'une anomalie anatomique de l'utérus. L'exploration hormonale de première ligne comprend le dosage plasmatique ou sérique des gonadotrophines hypophysaires luteinizing hormone (LH), follicle stimulating hormone (FSH), de l'estradiol, de la prolactine et la mesure systématique de la human chorionic gonadotrophin si un développement pubertaire est présent. L'existence d'un profil de déficit gonadotrope (estradiol bas et LH et FSH basses ou non élevées) doit toujours conduire à un dosage de prolactine et à la réalisation d'une imagerie par résonance magnétique de la région hypothalamohypohysaire et, si ces examens sont normaux, à une quantification de l'indice de masse corporelle, de l'activité physique et à une enquête alimentaire rigoureuse. En cas d'élévation de la FSH associée à des niveaux variables d'estradiol, une insuffisance ovarienne prématurée est suspectée, ce qui implique en première ligne de réaliser un caryotype et de rechercher une mutation ou une prémutation du gène FMR1 responsable du syndrome de l'X fragile. Parallèlement, on cherche une cause auto-immune. Lorsque ces examens ne présentent pas d'anomalie significative et qu'il n'y a pas d'antécédents de lésions iatrogènes ovariennes, on doit débuter une enquête génétique en milieu spécialisé qui fait appel à des techniques de séquençage de nouvelle génération. En cas d'aménorrhée primosecondaire ou AS, un syndrome des ovaires polykystiques est toujours recherché compte tenu de sa forte prévalence, en particulier en présence de signes d'hyperandrogénie ou d'une histoire évoquant une anovulation chronique. Dans cette recherche, l'échographie ovarienne avec évaluation précise du volume ovarien et du comptage des follicules antraux joue une place importante à côté des dosages hormonaux cités supra et de la mesure de la testostérone plasmatique. Dans ce contexte, le dosage de l'hormone antimüllérienne peut être utile mais sa valeur diagnostique est imparfaite et toujours discutée malgré les recommandations du dernier consensus de 2023. Devant une AP ou AS, un traitement estroprogestatif sans exploration étiologique préalable est toujours illégitime. C'est après la recherche d'une cause qu'est proposé un traitement étiologique ou, à défaut, une substitution de l'insuffisance hormonale. L'aménorrhée peut être précédée d'irrégularités menstruelles (oligo/spanioménorrhée) dont la valeur sémiologique est similaire. L'exploration d'une aménorrhée conduit nécessairement à la découverte de pathologies qui sont détaillées dans d'autres articles de l'EMC. Seuls les principaux aspects diagnostiques sont donc évoqués ici.
Mots-clés : Retard pubertaire, Règles, Ovaires, Aménorrhée primaire, Aménorrhée hypothalamique, Hypogonadisme hypogonadotropique et Kallmann, Insuffisance ovarienne primitive, Gonadotrophines, Hyperprolactinémie, Syndrome des ovaires polykystiques (SOPK)
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