L’impact de l’horaire d’administration des médicaments selon les rythmes biologiques de l’organisme a fait émerger le concept de chronothérapie. Il existerait un rythme circadien des dynamiques immunologiques moléculaires dans le psoriasis, suggérant la possibilité d’un lien entre horaire d’administration des traitements et efficacité. L’objectif principal était d’évaluer l’association entre l’horaire d’administration (« soir » vs « matin ») et l’efficacité des traitements systémiques chez les patients atteints de psoriasis modéré à sévère.

Les sujets participant à une cohorte de patients psoriasiques et ayant complété entre juin 2022 et décembre 2023 un questionnaire sur les horaires d’administration de leurs traitements ont été inclus dans cette étude. L’efficacité du traitement (critère principal : délai jusqu’à l’obtention d’un PASI75 ou PGA 0/1) a été comparée entre les groupes « matin » (prise régulière entre 6 et 11 heures) et « soir » (prise régulière entre 16 et 21 heures) à l’aide d’un modèle de Fine and Gray prenant en compte l’arrêt du traitement comme évènement compétitif. Nous avons également évalué l’association entre l’horaire d’administration et le maintien du traitement par le test du Log-rank.

Parmi les 974 patients ayant complété le questionnaire, 543 (55,7 %) ont indiqué prendre leur traitement en cours à horaire régulier : 266 le matin et 277 le soir. L’âge médian à l’introduction du traitement était de 51 ans et 63,5 % étaient des hommes. Les traitements les plus couramment prescrits étaient les anti-IL12/23 (33 %), les anti-IL-17 (18 %) et les anti-TNF-alpha (18 %). Il n’y avait pas d’association entre l’horaire d’administration des traitements systémiques (matin vs soir) et le délai d’apparition d’un PASI75 ou d’un PGA 0/1 en analyse univariée (sHR : 1,15 IC95 % [0,97–1,37] ; p=0,16) et multivariée (sHR : 1,16 IC95 % [0,95–1,41] ; p=0,16). L’association entre l’horaire d’administration et l’efficacité ne différait pas en fonction de la classe thérapeutique. L’association entre l’horaire d’administration et le maintien des traitements systémiques à 12 mois n’était également pas statistiquement significative (plogrank=0,21).

Notre étude n’a pas montré d’association entre horaire d’administration des traitements systémiques et efficacité ou maintien thérapeutique. Les traitements à demi-vie courte étant les plus adaptés à la chronothérapie ; l’absence d’effet de l’horaire d’administration sur l’efficacité des traitements pourrait s’expliquer par la demi-vie longue des médicaments utilisés, notamment les biothérapies, dans le traitement du psoriasis.

L’horaire d’administration des traitements systémiques dans le psoriasis modéré à sévère ne semble pas avoir d’impact significatif sur l’efficacité des traitements.