Quels soins pédopsychiatriques proposer aux enfants de parents présentant une pathologie psychiatrique ? Réflexions à partir d’une situation clinique - 31/10/24
What child psychiatric care to offer children of parents with a psychiatric pathology? Reflections based on a clinical situation
Résumé |
Ce travail amorce une réflexion théorico-clinique sur la spécificité de l’accompagnement pédopsychiatrique d’enfants de parents psychotiques ou souffrant de troubles graves de la personnalité, à l’occasion de l’ébauche du suivi psychothérapique d’un enfant de cinq ans présentant une agitation psychomotrice. Par-delà les multiples facteurs de risque biopsychosociaux, ces situations dites « complexes » invitent le pédopsychiatre à préciser son accompagnement et son rôle de santé publique afin de garantir la cohérence des soins et des expertises. En effet, les différents acteurs impliqués (aide sociale à l’enfant, justice, éducation nationale, psychiatrie d’adulte, neuropédiatrie, etc.) peuvent s’ignorer ou s’attribuer un rôle excédant leur champ de compétences : en résultent parfois une certaine confusion des places voire des mesures déroutantes et des prises de position contradictoires. Lorsque la symptomatologie d’un enfant et celle de sa famille entravent le recours aux entretiens classiques, dits standardisés, il nous apparaît qu’un travail de narration s’effectuera préférentiellement au plus proche de l’énonciation spontanée du sujet (dite ou agie). Nous tenterons alors de dégager les étapes opérantes de la prise en soin et postulerons que c’est à partir du moment où l’enfant nommera sa propre pulsionnalité (sa part « folle ») qu’il sera en mesure de la reconnaître chez son parent. C’est alors que s’ouvrira pour lui la possibilité d’une certaine représentation de la psychopathologie parentale et de sa mise en récit. D’abord postulé comme sujet, cet enfant est invité à nommer son excitation psychomotrice puis celle de son parent : « volcan ». La perte d’un objet concret, un « caillou bleu », entre deux séances, ouvre l’espace de représentation et de l’expression graphique. Cet objet de la réalité devient de fait un objet de médiation entre lui et son thérapeute et se présente comme le support d’un signifiant, « bleu » : ainsi s’esquissent un travail de chiffrage et de symbolisation, une tentative de mise en ordre du monde. Le signifiant « bleu » (qui refroidit et éteint le feu) s’articule au signifiant « rouge » (qui brûle et excite) dans des constructions complexes, mais non sans effet sur le corps et les symptômes du patient. Ces éléments cliniques pourront être transmis aux différents partenaires et pourraient être de nature à soutenir leurs soins, leurs missions éducatives, de rééducation et leurs expertises.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Abstract |
This paper initiates a theoretical-clinical reflection on the specificity of child psychiatric support for children of psychotic parents or those suffering from severe personality disorders, at the time of the psychotherapeutic follow-up of a five-year-old child presenting psychomotor agitation. Over and above the multiple biopsychosocial risk factors, these complex situations require child psychiatrists to clarify their support and public health role in order to guarantee coherent care and expertise. Indeed, the various players involved (child welfare, justice, education, adult psychiatry, neuropediatric, etc.) may ignore one another or take on a role that exceeds their field of competence : the result is sometimes a certain confusion of roles, or even confusing measures and contradictory positions. When a child's symptomatology and that of his or her family preclude the use of classic, standardized interviews, it seems to us that narrative work is best carried out as close as possible to the subject's spontaneous enunciation (spoken or acted). We can then attempt to identify the operative stages of care and postulate that it is only when the child names his own impulsivity (his “crazy” part) that he will be able to recognize it in his parent. This opens the possibility of a certain representation of parental psychopathology and of putting it into narrative form. First postulated as a subject, this child is invited to name his psychomotor excitement, then that of his parent: “volcano”. The loss of a concrete object, a “blue pebble”, between two sessions, opens the space for representation and graphic expression. This object of reality becomes an object of mediation between him and his therapist and is presented as the support for a signifier, “blue”: in this way, a process of encryption and symbolization begins, an attempt to put the world in order. The signifier “blue” (which cools and extinguishes fire) is articulated with the signifier “red” (which burns and excites) in complex constructions, but not without effect on the patient's body and symptoms. These clinical elements could be passed on to the various partners and could support their care, educational, rehabilitative and expert missions.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Enfants de parents psychotiques, Psychothérapie, Narrativité, Agitation psychomotrice
Keywords : Children of psychotic parents, Psychotherapy, Narrativity, Psychomotor agitation
Plan
Vol 72 - N° 7
P. 341-349 - novembre 2024 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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