L’emprise est la réduction de l’autre au statut d’objet, l’anéantissement de sa subjectivité par le déni de ses besoins et désirs, au profit des siens propres. Elle passe par l’appropriation de l’autre, sa dépossession et sa domination. Exercée au sein du couple, elle se traduit par d’importantes violences psychologiques, parfois supplées de violences physiques et sexuelles qui participent à rendre la victime dépendante et dépourvue d’estime d’elle-même. L’emprise représente donc un enjeu majeur dans la lutte contre les violences conjugales dont les professionnels de soin, de la justice et du social doivent se saisir. Notion complexe, elle s’explique par divers mécanismes criminologiques et victimologiques. Certaines caractéristiques du fonctionnement psychologique, certains troubles psychiques et traits de la personnalité constituent des facteurs de risque à exercer l’emprise ou à en être victime. La qualité de la relation aux figures d’attachement, l’image de soi, l’accès à la mentalisation, le rapport aux émotions sont autant de facteurs représentant à la fois l’étiologie et les axes de prise en soin des victimes et auteurs d’emprise. Ici, nous proposons des pistes claires et concrètes pour comprendre le profil des victimes et auteurs d’emprise afin d’adapter au plus juste notre positionnement et la prise en charge, l’objectif étant d’offrir à nos patients la perspective d’un mode de relation à l’autre sain, et la possibilité pour les victimes de sortir de ce cycle destructeur. Nous pouvons tous, soignants, travailleurs sociaux et professionnels de la justice, contribuer, en synergie et en collaboration, au processus de reconstruction des victimes et à la prévention de la récidive des auteurs.

Psychological domination is the reduction of the other person to the status of an object, the annihilation of their subjectivity by denying their needs and desires in favor of the dominator's own. It involves appropriating, dispossessing and dominating the other person. When it occurs within a couple, it takes the form of significant psychological violence, sometimes supplemented by physical and sexual violence which creates a strong dependency and affects the victim's self-esteem. Psychological control is therefore a major issue in the fight against domestic violence which healthcare, legal and social professionals must address. This complex concept can be explained by various criminological and victimological mechanisms. Certain characteristics of psychological functioning, psychological disorders and personality traits constitute risk factors that enable exercising such control or becoming a victim. The quality of the relationship with attachment figures, self-image, access to mentalization, and the relationship with emotions are all factors representing both the etiology and avenues of psychological care for victims and perpetrators of control. In this article, we propose clear and concrete guidelines for understanding the profile of both victims and perpetrators of psychological domination so that we can adapt our perspectives and treatment as accurately as possible. Our goal is to offer our patients the prospect of a healthy relationship with others, and the possibility for victims to break free from this destructive cycle. All of us – caregivers, social workers, and legal professionals – can work in synergy and collaboration to help victims rebuild their lives and prevent perpetrators from repeating their offenses.