La dépression représente l’un des problèmes majeurs de santé dans le monde. Certains facteurs y sont impliqués, dont le tabagisme. Ce dernier serait associé à un risque élevé de dépression et son sevrage à une amélioration de la symptomatologie dépressive.

L’objectif de cette étude est d’évaluer le lien entre le tabagisme et la dépression particulièrement en présence d’un diabète de type 2 (DT2).

Étude transversale et descriptive menée dans le service d’endocrinologie du CHU de Monastir. La dépression était dépistée par le score PHQ-9.

Ont été inclus 130 patients avec DT2 dont 58,5 % (76 cas) étaient porteurs d’une dépression. Parmi ces derniers, 34,2 % étaient des tabagiques. Le tabagisme chez les sujets déprimés était significativement associé à la maladie rénale diabétique (MRD) (p=0,012), à la neuropathie diabétique (ND) (p<10⁻³), à l’artériopathie oblitérante des membres inférieurs (AOMI) (p=0,002) et l’obésité (p=0,001). À l’étude multivariée, une association statistiquement significative était mise en évidence entre le tabagisme et la dépression (OR_ajusté=3,851 ; IC95 % : 1,492–9,943 ; p=0,005).

Les mécanismes potentiels de cette association seraient d’un point de vue neurologique, des altérations induites par le tabac de certains neurotransmetteurs, dont la monoamine oxydase (MAO). De plus, cette intoxication s’associerait à une activation chronique de l’axe corticotrope et à un état pro-inflammatoire connu chez les diabétiques. D’un point de vue psychosocial, les diabétiques fumeurs seraient moins adhérents aux traitements et auraient moins de soutien social et seraient plus susceptibles à la dépression.