Le rôle des angoisses de perte dans la récidive suicidaire - 27/09/24
The Role of Anxiety About Loss in Suicidal Recidivism
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Résumé |
Objectifs |
Les tentatives de suicide à répétition constituent une problématique clinique particulièrement difficile. Ces tentatives de suicide multiples chez un même sujet laissent souvent les soignants dans une incompréhension et une impuissance thérapeutique. Loin d’être un « raptus », le passage à l’acte suicidaire à répétition est sous-tendu par des processus psychiques complexes. Nous nous sommes particulièrement questionnés sur le rôle de l’objet et la perte de perception de l’objet dans la dynamique des passages à l’acte suicidaires à répétition.
Méthode |
Nous avons mené une recherche préliminaire en nous appuyant sur l’analyse d’entretiens semi-directifs et d’un entretien libre, ainsi que des tests de Rorschach et du T.A.T. de trois femmes hospitalisées en service de psychiatrie pour tentatives de suicide. Une partie du dispositif de recherche était destiné à offrir aux participantes un champ d’expression libre, laissant place à une rêverie imaginante fondée sur la règle de la libre association selon l’expression de D. Lagache. Nous nous appuyons sur une méthodologie basée sur l’étude de cas individuel et sur la méthodologie et les propositions d’interprétation des méthodes projectives de l’École Française. Nous nous proposons de nous centrer plus précisément sur les résultats du Rorschach et du T.A.T.
Résultats |
Frédérique, Nora ainsi qu’Olga se sont toutes prêtées à la passation des tests projectifs. Néanmoins, l’ensemble des protocoles démontre peu d’investissement de la pensée, une forme de passivité face au matériel, avec une prédominance des mécanismes d’évitement. À l’aide de nos données, nous questionnerons la qualité et la capacité de nos sujets à convoquer un objet interne suffisamment solide. Nous analyserons également les récits de nos patientes davantage investis sur un mode anaclitique, où les relations, et particulièrement les relations spéculaires, sont au premier plan. Les récits sont ainsi principalement mobilisés autour du traitement de la perte à travers l’excitation qu’elle peut susciter chez nos sujets.
Discussion |
L’étayage de l’objet est particulièrement investi dans une fonction négative. Nous avons ainsi étudié les modalités relationnelles de nos sujets au regard de la dépendance à l’objet, de la question de la perte et de l’angoisse qu’elle peut engendrer ainsi que de ses manifestations associées.
Conclusion |
En explorant les dynamiques inconscientes qui sous-tendent les passages à l’acte suicidaire et en particulier les récidives de passage à l’acte suicidaire, nous sommes amenés à penser que ce type d’agir contient une adresse à l’objet, adresse qui reste méconnue du sujet lui-même et qui demande une réponse de l’objet à laquelle elle est destinée. L’absence de réponse de l’objet susciterait une excitation difficilement soutenable, jusqu’à être invivable pour le sujet ayant recours, dès lors, au passage à l’acte suicidaire. L’inévitable retour de ces situations inélaborables expliquerait les récidives suicidaires.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Abstract |
Objectives |
Repeated suicide attempts are a particularly difficult clinical problem. Multiple suicide attempts in the same patient often leave caregivers with a feeling of incomprehension and therapeutic powerlessness. Far from being a “raptus,” the act of suicidal recividism is underpinned by complex psychic processes. In particular, we look at the role of the object and the loss of perception of the object in the dynamics of repeated suicidal acts.
Method |
We conducted research with three women hospitalized in a psychiatric unit. We offered them a semi-directive interview, followed by the Rorschach and the T.A.T., and finally an open interview. Part of the research process was designed to give the participants the opportunity to express themselves freely, leaving room for imaginative reverie based on the rule of free association. Our methodology is based on an individual case study.
Results |
Frédérique, Nora, and Olga all took the projective tests. However, the T.A.T. showed some difficulty in processing the instructions. The protocols as a whole showed little investment of thought, a form of passivity in the face of the material, with a predominance of avoidant maneuvers. Using our data, we will question the quality and capacity of our subjects to summon a sufficiently solid internal object. We will also analyze our patients’ narratives, which are more invested in an anaclitic mode, where relationships, and particularly specular relationships, are at the forefront. The narratives are thus mainly mobilized around the treatment of loss through the excitement it can arouse in our subjects.
Discussion |
Object support is particularly invested in a negative function. We thus studied the relational modalities of our subjects with regard to object dependence, the question of loss and the anxiety it can engender, as well as its associated manifestations.
Conclusion |
By exploring the unconscious dynamics underlying suicidal acts, and in particular recidivism, we are led to believe that this type of act contains an address to the object, an address that remains unknown to the subject itself and that requires a response from the object for which it is intended. The absence of a response from the object would give rise to an unbearable excitation, for which the subject can imagine no other solution than resorting to a suicidal act. The inevitable return of these unworkable situations would explain suicidal recidivism.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Tentatives de suicide, Passage à l’acte, Modalité relationnelle, Excitation, Méthode projective, Objet, Dépression, Agir, Psychiatrie, Rorschach, T.A.T.
Keywords : Suicide attempt, Acting out, Relational modality, Excitation, Projective method, Object, Depression, Psychiatry, Rorschach, T.A.T.
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