Trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité et troubles du sommeil : de l’enfant à l’âge adulte - 25/09/24
Attention deficit hyperactivity disorder and sleep disorders: From childhood to adulthood
Résumé |
Le sommeil est un motif de plainte fréquente chez les patients TDAH, enfant comme adulte. De nombreux travaux ont mis en évidence une surreprésentation de tous les troubles du sommeil dans cette population avec une prévalence de l’ordre de 25 à 55 %. Ces plaintes de sommeil incluent à la fois des pathologies bien définies comme le syndrome d’apnées obstructives du sommeil (SAOS), le syndrome des jambes sans repos (SJSR), les troubles du rythme circadien. Sont décrites aussi, des plaintes plus subjectives telles que des difficultés à s’endormir, à se réveiller et surtout à se maintenir éveillé, s’exprimant par une somnolence diurne excessive. Le SJSR est une comorbidité fréquemment associée au TDAH, chez les enfants comme chez les adultes avec une prévalence environ 3 fois supérieure à celle de la population générale. Concernant le SAOS, on décrit une expression diurne et nocturne de cette pathologie respiratoire du sommeil. La symptomatologie nocturne associe ronflements, pauses respiratoires, sueurs nocturnes, nycturie… La symptomatologie diurne associe difficultés d’attention, de concentration, hyperactivité, irritabilité, impulsivité, difficultés à réguler ses émotions ; symptômes qui sont décrits dans le TDAH. De ce fait, il n’est pas toujours facile d’identifier si les symptômes observés sont soit l’expression d’un SAOS seul ou bien soit l’expression d’une situation comorbide SAOS-TDAH. Les sujets avec TDAH présentent plus fréquemment que les sujets non-TDAH un chronotype vespéral et un syndrome de retard de la phase circadienne. Plusieurs hypothèses physiopathologiques sont émises : d’origine génétique avec des polymorphismes des gènes de l’horloge (gènes Clock), des modifications de sécrétion de mélatonine. Les plaintes d’insomnie sont des plaintes fréquemment rapportées par les enfants, par les parents des sujets TDAH et par les adultes avec TDAH. Ces difficultés existent « tout au long de la nuit », de l’endormissement au réveil. Une réduction de l’efficacité du sommeil et la diminution de la qualité du sommeil sont aussi rapportées. Ces plaintes subjectives de sommeil ont été néanmoins peu confirmées par les mesures polysomnographiques. Enfin, certains sujets TDAH présentent une hypersomnolence, décrite sous le nom de phénotype « narcolepsy-like ». De façon similaire, il est retrouvé chez les sujets avec narcolepsie plus souvent des symptômes de TDAH et chez les patients avec TDAH plus de symptômes de narcolepsie, pour faire évoquer un continuum entre ces deux troubles. Les relations entre troubles du sommeil et TDAH sont diverses et multifactorielles. Il n’est pas simple parfois pour le clinicien de distinguer la dette de sommeil ou un sommeil de mauvaise qualité pouvant induire des symptômes proches du TDAH (« TDAH-like »), et la situation des comorbidités entre TDAH et différents troubles du sommeil. Dans la première situation, la prise en charge du trouble du sommeil entraîne la disparition des symptômes de « TDAH-like ». Dans la seconde situation, il est nécessaire de prendre en charge le TDAH et le trouble du sommeil, les deux pathologies s’aggravant l’une – l’autre. Cet article présente les données récentes sur les principaux troubles du sommeil associés au TDAH chez l’enfant et chez l’adulte et propose des pistes pratiques pour aider le clinicien dans son évaluation. Cet article propose enfin un schéma intégrant les liens entre TDAH, symptômes de TDAH et troubles du sommeil.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Abstract |
Sleep is a frequent complaint among ADHD patients, both children and adults. Numerous studies have highlighted the over-representation of all sleep disorders in this population, with prevalence ranging from 25 to 55%. These sleep complaints include well-defined pathologies such as obstructive sleep apnea syndrome (OSA), restless legs syndrome (RLS) and circadian rhythm disorders. More subjective complaints are also described, such as difficulties in falling asleep, waking up and, above all, staying awake, expressed by excessive daytime sleepiness. RLS is a comorbidity frequently associated with ADHD, in both children and adults, with a prevalence around 3 times higher than in the general population. With regard to OSA, both diurnal and nocturnal expression of this sleep-related respiratory pathology are described. Nocturnal symptoms include snoring, respiratory pauses, night sweats, nocturia… Daytime symptoms include difficulties with attention and concentration, hyperactivity, irritability, impulsivity and difficulty in regulating emotions. As a result, it is not always easy to identify whether the symptoms observed are the expression of OSA alone, or of a comorbid OSA-ADHD situation. Subjects with ADHD more frequently present an evening chronotype and circadian phase delay syndrome than non-ADHD subjects. Several pathophysiological hypotheses have been put forward: genetic, with polymorphisms in the clock genes, or changes in melatonin secretion. Complaints of insomnia are frequently reported by children, parents of ADHD subjects and adults with ADHD. These difficulties exist “throughout the night”, from falling asleep to waking up. Reduced sleep efficiency and diminished sleep quality are also reported. These subjective sleep complaints were, however, poorly confirmed by polysomnographic measurements. Finally, some ADHD subjects exhibit hypersomnolence, described as a “narcolepsy-like” phenotype. Similarly, subjects with narcolepsy have more ADHD symptoms and patients with ADHD have more narcolepsy symptoms, suggesting a continuum between these two disorders. The relationship between sleep disorders and ADHD is diverse and multifactorial. It is not always easy for the clinician to distinguish between sleep debt or poor-quality sleep that can induce ADHD-like symptoms, and the situation of comorbidities between ADHD and various sleep disorders. In the first situation, treatment of the sleep disorder leads to the disappearance of “ADHD-like” symptoms. In the second situation, it is necessary to treat both the ADHD and the sleep disorder, as the two pathologies aggravate each other. This article presents recent data on the main sleep disorders associated with ADHD in children and adults, and proposes practical suggestions to help clinicians in their assessment. Finally, the article proposes a diagram integrating the links between ADHD, ADHD symptoms and sleep disorders.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : TDAH, Troubles du sommeil, Enfant, Adulte, Symptômes « TDAH-like »
Keywords : ADHD, Sleep disorders, Child, Adult, “ADHD-like” symptoms
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