Investigation phénoménologique des formes actuelles de la manie : de l’euphorie à la dysphorie - 15/09/24
Phenomenological investigation of current forms of mania: From euphoria to dysphoria
Résumé |
Objectif |
L’auteur se propose de reprendre l’approche phénoménologique de la manie, considérant que sa forme sémiologique actuellement prévalente est de registre dysphorique, et non plus, tel que cela était classiquement décrit, euphorique. Après avoir brièvement tenté de formuler quelques hypothèses se rapportant à l’occurrence de cette modification sémiologique, il s’agira de rechercher l’unité de la syndromique maniaque en dépit, ou plutôt à travers, ces modes de présentation sémiologique pourtant a priori radicalement opposés.
Méthode |
S’appuyant principalement sur les travaux fondateurs ayant trait à l’étude de la phénoménalité maniaque (principalement de Binswanger et de Ey), mais sans quitter pour autant l’horizon heuristique de la psychanalyse, on s’efforcera de circonscrire la contrainte réductive (épochè) propre à la manie, ainsi que les directions de sens phénoménologiques qui la caractérisent au plus près.
Résultat |
La dépersonnalisation maniaque procède, tout autant que la mélancolie, d’une forme radicale de neutralisation affective, dont il s’agira de préciser les inférences paradoxales dans les registres de la spatio-temporalité et de l’intersubjectivité. L’antinomie maniaque (Binswanger), resserrant dramatiquement le nœud chiasmatique de la vie et de la mort, engage l’émancipation de tensions extrêmes mêlant dilatation et rétraction de l’espace et du temps, que peut traduire l’image d’un saut vertigineux ou du planement, entre envol et chute, tandis que sur le plan de l’inter-subjectivité, le défaut d’apprésentation et l’« être-grande-gueule » déterminent le fourvoiement caractéristique de la rencontre d’autrui par le maniaque.
Discussion |
L’antinomie maniaque conjoint l’agonie mélancolique à un sur-saut vital contre-agonique, que les approches daseinsanalytiques et psychanalytiques contribuent à spécifier. La perte de l’historicisation et même l’anonymisation subjectives qui caractérisent la manie aussi bien que la mélancolie, jusqu’à en faire des « psychoses an-historiques » (Binswanger), laissent pour autant intact le vécu d’auto-appartenance du Moi, en une forme de « détresse de l’ego pur » (Binswanger), que l’on tentera de préciser.
Conclusion |
La composante d’allure thymique (euphorique ou dysphorique) apparaît finalement vicariante dans le processus maniaque. La phénoménalité maniaque ressortit d’une épochè affective éminemment singulière, touchant à la trans-possibilité (Maldiney), dont l’issue sémiologique paraît liée à la surrection de cette tension d’inexistence qui totalise l’expérience, ou plutôt l’expérimentation, maniaque.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Abstract |
Objective |
The author proposes to take up the phenomenological approach to mania, considering that its presently prevalent semiological form is dysphoric, and no longer, as was classically described, euphoric. After having briefly attempted to formulate some hypotheses relating to the occurrence of this semiological modification, it will be a question of seeking the unity of syndromic mania in spite of, or rather through, these modes of semiological presentation that seem a priori to be radically opposed.
Method |
Relying mainly on the founding works relating to the study of manic phenomenality (mainly by Binswanger and Ey), but without leaving the heuristic horizon of psychoanalysis, we will endeavor to circumscribe the reductive constraint (epochè) specific to mania, as well as the directions of phenomenological meaning that characterize it most closely.
Result |
Manic depersonalization proceeds, as does melancholy, from a radical form of affective neutralization, whose paradoxical inferences in the registers of spatio-temporality and intersubjectivity will need to be clarified. The manic antinomy (Binswanger), dramatically tightening the chiasmatic knot of life and death, engages the emancipation of extreme tensions mixing expansion and retraction of space and time, which can be represented by the image of a leap (vertiginous or soaring), between flight and fall; while in the domain of inter-subjectivity, the lack of apprehension and a “loud-mouth” form of being determine the characteristic misdirection of the encounter with the other by the manic subject.
Discussion |
The manic antinomy joins the melancholic agony to a counter-agonic vital leap, which the daseinsanalytical and psychoanalytical approaches help to clarify. The loss of historicization and even the subjective anonymization that characterize mania as well as melancholy, to the point of making them “a-historical psychoses” (Binswanger), nevertheless leave intact the experience of self-belonging of the Ego, in a form of “pure ego distress” (Binswanger), which we will try to specify.
Conclusion |
The mood component (euphoric or dysphoric) ultimately appears vicarious in the manic process. Manic phenomenality stems from an eminently singular affective epoch‘e, touching on trans-possibility (Maldiney), the semiological outcome of which seems linked to the emergence of this tension of nonexistence that totalizes the manic experience, or rather, experimentation.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Manie, Phénoménologie, Daseinsanalyse, Directions de sens, Planement, Trans-possibilité
Keywords : Mania, Phenomenology, Daseinsanalysis, Directions of meaning, Soaring, Trans-possibility
Plan
☆ | Texte qui a fait l’objet d’une communication à Lille, Faculté Catholique, le 12 mai 2022, pour un Colloque intitulé « Destin et liberté ». |
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