S'abonner

Intoxication aiguë par le mercure : intérêt des dosages capillaires - 11/09/24

Doi : 10.1016/j.toxac.2024.08.049 
N. Djebrani-Oussedik 1, , C. Marois 2, J. Devianne 2, 3, S. Demeret 2, 3, J. Langrand 4, 5, L. Labat 1, 5, J. Poupon 1
1 Laboratoire de toxicologie biologique, fédération de toxicologie, hôpital Lariboisière, AP–HP, Paris, France 
2 Département de neurologie, unité de médecine intensive - réanimation à orientation neurologique, AP–HP, Paris, France 
3 Sorbonne université, Paris, France 
4 Centre Antipoison de Paris, AP–HP, Paris, France 
5 Inserm UMR-1144, optimisation thérapeutique en neuropsychopharmacologie, université Paris Cité, Paris, France 

Auteur correspondant.

Résumé

Objectif

Mise en évidence de l’intérêt des dosages de toxiques métalliques dans les matrices biologiques et en particulier de l’analyse capillaire dans certains contextes cliniques évocateurs.

Historique du cas

Intoxication grave par le méthylmercure chez une femme de 46ans avec un diagnostic initial de méningoencéphalite herpétique (HSV2) sans réponse au traitement antiviral à dose méningée suffisante. L’aggravation clinique avec apparition de crises comitiales réfractaires aux traitements antiépileptiques, d’une dysarthrie, d’un ralentissement psychomoteur avec diminution progressive de la vigilance jusqu’à rupture totale de la communication fait suspecter une cause toxique. Un bilan d’exploration large est mené avec, notamment, une piste toxique qui sera objectivée par des dosages de mercure dans différents milieux biologiques. L’intoxication par le mercure organique ainsi étayée permettra, l’instauration à la patiente d’un traitement chélateur par DMSA.

Méthodes

Les dosages de mercure ont été réalisés par spectrométrie de masse à plasma induit par couplage inductif (ICP-MS). Les déterminations ont été faites, près de 3 mois après le début des symptômes, sur différentes matrices biologiques : sérum, sang total, urines et cheveux. Pour les cheveux, une analyse séquentielle centimétrique a été réalisée sur une mèche de 26 centimètres.

Résultats

Les concentrations de mercure mesurées étaient très élevées : respectivement 205μg/L, 845μg/L et 59μg/g de créatinine urinaire dans le sérum, le sang total et les urines. L’analyse capillaire séquentielle a permis de mesurer des concentrations très élevées de mercure dans les cheveux de la patiente, avec des valeurs maximales qui s’élèvent à 1191μg/g de cheveux, soit près de 600 fois les valeurs de référence (2μg/g). La longueur de la mèche a permis une analyse rétrospective intéressante, par sections de 1cm (correspondant à 1 mois de pousse), avec une concentration maximale sur le 3e et le 4e segment à partir de la racine, soit 3 à 4 mois avant le prélèvement. L’augmentation significative des concentrations débutait à partir du 6e ou 7e segment soit un début d’exposition significative 6 à 7 mois avant le prélèvement. Au-delà du 10e segment les concentrations étaient subnormales, excluant toute exposition 10 mois avant le prélèvement.

Conclusion

Les dosages de mercure dans les différentes matrices biologiques ont mis en évidence une intoxication par le mercure chez cette patiente. La distribution du mercure entre le sérum et le sang total a montré une part importante de mercure intra-érythrocytaire qui a permis d’étayer la piste du méthylmercure. L’analyse séquentielle des cheveux essentielle dans ce cas, a permis une interprétation rétrospective de cette intoxication avec une estimation de la date de l’exposition unique ou très rapprochée et située 6 à 7 mois avant les prélèvements. La mise sous traitement chélateur de la patiente n’aura malheureusement pas évité une issue fatale.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Plan


© 2024  Publié par Elsevier Masson SAS.
Ajouter à ma bibliothèque Retirer de ma bibliothèque Imprimer
Export

    Export citations

  • Fichier

  • Contenu

Vol 36 - N° 3S

P. S99 - octobre 2024 Retour au numéro
Article précédent Article précédent
  • Impact of regulations on paracetamol overdoses between 2018 and 2021: Retrospective monocentric study in a French university hospital
  • T. De Sousa, N. Fouilhé, X. Fonrose, M. Lepelley
| Article suivant Article suivant
  • Polyglobulie secondaire : penser à la consommation chronique de chicha
  • O. Durlach, M. Lamkhioued, N. Paret, A.M. Patat

Bienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
L’accès au texte intégral de cet article nécessite un abonnement.

Déjà abonné à cette revue ?

Mon compte


Plateformes Elsevier Masson

Déclaration CNIL

EM-CONSULTE.COM est déclaré à la CNIL, déclaration n° 1286925.

En application de la loi nº78-17 du 6 janvier 1978 relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés, vous disposez des droits d'opposition (art.26 de la loi), d'accès (art.34 à 38 de la loi), et de rectification (art.36 de la loi) des données vous concernant. Ainsi, vous pouvez exiger que soient rectifiées, complétées, clarifiées, mises à jour ou effacées les informations vous concernant qui sont inexactes, incomplètes, équivoques, périmées ou dont la collecte ou l'utilisation ou la conservation est interdite.
Les informations personnelles concernant les visiteurs de notre site, y compris leur identité, sont confidentielles.
Le responsable du site s'engage sur l'honneur à respecter les conditions légales de confidentialité applicables en France et à ne pas divulguer ces informations à des tiers.


Tout le contenu de ce site: Copyright © 2024 Elsevier, ses concédants de licence et ses contributeurs. Tout les droits sont réservés, y compris ceux relatifs à l'exploration de textes et de données, a la formation en IA et aux technologies similaires. Pour tout contenu en libre accès, les conditions de licence Creative Commons s'appliquent.