Conséquences à long terme des envenimations vipérines (étude REVIP) - 11/09/24
Résumé |
Objectif |
En France, les envenimations vipérines posent un problème de santé publique. Si la mortalité est faible, grâce à l’efficacité des anti-venins, il existe un risque d’impotence fonctionnelle prolongée et de retentissement psychologique à la suite d’une morsure. L’objectif de cette étude était de décrire l’évolution physique et psychique des patients mordus et de déterminer les facteurs associés à une évolution défavorable.
Méthode |
Étude prospective menée dans 4 centres antipoison (CAP) français avec suivi des patients jusqu’à un an après la morsure. La variable d’intérêt était le délai de guérison (en jours). D’un point de vue statistique, les choix suivants ont été faits : analyse des courbes de survie, associée à un test du log-rank, pour comparer l’évolution vers la guérison des différents groupes de patients ; régression logistique pour comparer la proportion de patients totalement guéris à chaque point dans le temps ; modèle de Cox pour comparer le délai de rétablissement complet entre les groupes.
Résultats |
Selon les critères de l’étude, 170 patients ont été inclus entre 2020 et 2022. Le sex-ratio (H/F) était de 1,54 et l’âge moyen de 45,2±19,1ans (min : 12ans, max : 86ans). Plus de la moitié des patients ont reçu un anti-venin (59 %), mais 11 % ne l’ont pas reçu lorsqu’il était indiqué. La durée médiane de guérison était de 21jours (IC95 % : 15–28jours). À 14jours de la morsure, 45,1 % (n=65) de tous les patients, quel que soit le degré d’envenimation ou le traitement reçu, étaient considérés comme guéris. Un mois après la morsure, 62,5 % (n=90) des patients étaient guéris, quel que soit le degré d’envenimation. À 6 mois, 84 % (n=121) des patients étaient considérés comme guéris. Le risque de non-guérison était de 0,57 (IC95 %=0,50–0,65), 0,39 (0,32–0,48) et 0,16 (0,11–0,23) à 14, 30 et 180jours après la morsure, respectivement. Les facteurs influençant le délai de guérison comprenaient le grade clinique de l’envenimation, le siège de la morsure, le sexe et une prise en charge inappropriée. Enfin, si 22,3 % des patients déclaraient avoir peur des serpents avant la morsure, ils étaient 38,2 % après. Un an après la morsure, ils étaient encore 14,6 % à éviter de s’adonner à l’activité durant laquelle cela s’est produit et enfin 5,6 % d’entre eux ressassait encore l’évènement.
Discussion |
Le grade d’envenimation n’était pas le seul facteur expliquant des délais de guérison plus longs chez certains patients. Les femmes avaient une évolution significativement moins bonne. Par ailleurs, des éléments de prise en charge inappropriée (admission tardive à l’hôpital et anticoagulation précoce) ont été associés à un délai médian de guérison plus long. Dans la mesure où les données sont basées, entre autres, sur l’autoévaluation par les patients de leur guérison, l’impact psychologique doit être pris en compte comme un frein au sentiment de rémission complète. Nous avons montré que la morsure peut être vécue comme un événement traumatisant, et des répercussions psychologiques sur les patients ne sont pas à exclure.
Conclusion |
Les résultats appellent à une réévaluation du suivi des patients envenimés, au-delà de la période de traitement initial. Il faut tenir compte non seulement de l’envenimation elle-même, mais aussi des éléments objectifs de la prise en charge et du vécu psychologique des patients.
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Vol 36 - N° 3S
P. S93-S94 - octobre 2024 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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