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Intoxication à la xylazine en France : une série de cas sur 20 ans - 11/09/24

Doi : 10.1016/j.toxac.2024.08.030 
A. Douvinet, J. Lecot, M. Deguigne,

French PCC Research Group1

  Investigator list of French Poison Control Centers (PCC, Centre antipoison in French). PCC Research Group : Gael Leroux, Marie Deguigne, Marion Legeay, Alexis Descatha (Angers Poison Center), Camille Paradis, Coralie Braganca, Audrey Nardon, Ingrid Blanc-Brisset, Magali Labadie (Bordeaux Poison Center), Ramy Azzouz, Anne Garat, Patrick Nisse (Lille Poison Center), Nathalie Paret, Cécile Chevallier, Anthony Facile, Aurore Czerwiec (Lyon Poison Center), Romain Torrents, Julien Reynoard, Nicolas Simon (Marseille Poison Center), Céline Moulut, Marion Evrard, Emmanuel Puskarczyk (Nancy Poison Center), Jérôme Langrand, Hervé Laborde-Casterot, Weniko Care, Dominique Vodovar, Laurène Dufayet (Paris Poison Center), Nicolas Delcourt, Fanny Pelissier, Florent Battefort, Alix-Marie Pouget(Toulouse Poison Center).

G. Le Roux, M. Cellier
 Centre antipoison et de toxicovigilance du grand Ouest, CHU d’Angers, Angers, France 

Auteur correspondant.

Résumé

Objectif

La xylazine, sédatif à usage vétérinaire, est de plus en plus utilisée de façon détournée aux Etats-Unis, comme produit de coupe du fentanyl ou en association avec l’héroïne et la cocaïne (« speedball ») afin d’en potentialiser et prolonger la durée des effets [1]. En France cet usage détourné est peu connu ce qui explique que les centres antipoison français sont peu appelés pour cette problématique. L’objectif de cette étude est de décrire la gravité des cas d’intoxication à la xylazine en France.

Méthodes

Dans le cadre d’une étude rétrospective et descriptive, les cas d’intoxication à la xylazine ont été extraits à partir de la Base Nationale des Cas d’Intoxication (BNCI), recensés par les centres antipoison français, du 01/01/2002 au 07/09/2023 exclus. Les cas comportant un nombre trop important de données manquantes ont été exclus.

Résultats

Au total, 22 cas ont été inclus dont 12 correspondaient à une intoxication accidentelle (54,5 %) et 10 une exposition volontaire type tentative de suicide (TS) (45,5 %). Sur les 22 cas, 9 patients avaient une gravité moyenne à forte dont 2 cas d’intoxication accidentelle et 7 cas de TS. Parmi les 10 TS, 7 concernaient la voie injectable (sous-cutanée SC ou intramusculaire IM), 2 la voie orale, et 1 cas comprenait les 2 voies (patient qui s’est injecté en sous-cutané et a bu de la xylazine). Les doses de xylazine injectées dans le cadre de TS vont de 12 à 1000mg en IM (n=4, médiane : 140mg) et 20 à 500mg en SC (n=4, médiane : 40mg). Concernant les mono-intoxications par TS (n=6), les symptômes sont apparus dans un délai de moins de 3h (n=6 cas). Tous les patients ayant eu une mono-intoxication (n=6) ont présenté une somnolence et une majorité des patients a été bradycarde (n=4) dans un délai de 2h. Un cas de nécrose cutanée avec un début de lymphangite est apparu une dizaine de jours après l’injection volontaire de xylazine en SC et prise PO. Parmi ces 6 patients, 5 ont été transférés en réanimation dont 2 ont été intubés, avec une durée médiane d’hospitalisation en réanimation de 1 jour (n=5 patients, min : 1j, max : 3j). Seuls 3 ont nécessité l’injection d’atropine.

Discussion

Selon la littérature, les doses supposées toxiques injectées de xylazine varient de 40 à 2400mg (n=43 patients) ce qui est similaire avec les doses retrouvées dans les cas de notre étude [1]. Les symptômes présents s’expliquent par le mécanisme d’action de la molécule étant agoniste des récepteurs adrénergiques α2 sur les récepteurs présynaptiques. Ce qui entraîne une sédation, une myorelaxation et une analgésie [2]. Dans la littérature américaine, suite à une injection de xylazine en SC, sont également décrits de nombreux cas de nécrose cutanée [3, 2]. Dans notre étude un seul cas de nécrose cutanée est rapporté. Le mécanisme de ces ulcères serait lié à un effet vasoconstricteur de la xylazine, qui entraînerait une diminution de la perfusion au niveau cutané. Les ulcères apparaîtraient dans un délai de 1-2 semaines, et peuvent être à distance du site d’injection [3].

Conclusion

Les cas de surdosage volontaire dans un but suicidaire peuvent nécessiter selon la dose injectée une hospitalisation en réanimation avec une intubation et l’administration d’atropine. Les nécroses cutanées suites à une injection sont à rechercher d’après la littérature.

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Vol 36 - N° 3S

P. S87 - octobre 2024 Retour au numéro
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