Intoxication par ingestion d’une pile bouton à partir des données des Centres antipoison Français entre 2022 et 2023 - 11/09/24
French PCC research Group3
C. Bragança 1Résumé |
Objectif |
Description rétrospective des intoxications par ingestion de pile bouton (PB) à partir des données des centres antipoison français entre 2022 et 2023.
Méthode |
Extraction du système d’information des centres antipoison des patients ayant fait l’objet d’un appel toutes circonstances confondues et quel que soit l’âge, pour une exposition à une PB.
Résultats |
Sur la période d’étude, 247 patients étaient retenus (810 extraits dont 563 exclus parce que sans ingestion), 133 patients en 2022 et 114 en 2023. L’âge des patients était compris entre 7 mois et 83ans. Deux-cent sept (84 %) étaient âgés de 5ans ou moins. Le sex-ratio était de 1,2. L’origine de la PB était connue pour 71 patients (29 %) : 16 jouets (23 %), 10 montres (14 %), 9 télécommandes (13 %), 7 appareils auditifs (10 %) et d’autres objets de la vie courante pour le restant des patients (balance, laser, clef de voiture…). La référence de la PB était connue pour 67 patients (27 %). La taille de la PB était connue 91 patients (37 %), dont 35 (38 %) avec PB de diamètre supérieur ou égal à 15mm. Deux-cent vingt-deux enfants (89 %) avaient bénéficié d’une radiographie thoracique. Vingt-cinq n’en ont pas eu dont 11 parce que la PB était retrouvée dans les selles. La PB étaient dans l’œsophage, dans l’estomac, post-pylorique, absente/sans information respectivement pour 20 (8 %), 97 (39 %), 84 (34 %), et 46 (19 %) enfants. Soixante-douze (29 %) patients ont bénéficié d’une œsogastroduodénoscopie (FOGD). Les 20 patients (8 %) dont la PB était œsophagienne ont tous bénéficié d’une FOGD ; la PB œsophagienne avait toujours un diamètre d’au moins 15mm ; l’extraction par FOGD était réalisée en moins de 2h, entre 2 et 24h, et après 24h respectivement pour 2, 13 et 4 patients. Pour 1 patient, le délai d’extraction n’était pas connu. Quarante-cinq (46 %) patients pour lesquels la PB était dans l’estomac, ont bénéficié d’une FOGD. Pour 12 (12 %) de ces patients, la PB n’était plus dans l’estomac au moment de la FOGD ; au total, 35 patients (49 % de ceux qui ont eu une FOGD) avaient des lésions à la FOGD dont 19 avec une PB œsophagienne (95 % des PB œsophagiennes), 15 avec une PB gastrique (14 % des PB gastriques) et 1 avec une PB duodénale. Pour 20 patients (8 %), la PB a été retrouvée de manière fortuite dans les selles ou dans la couche. Quinze (75 %) patients avec PB œsophagienne étaient symptomatiques et 37 (38 %) avec une PB gastrique. Un patient avait vomi la PB mais avait des lésions sévères à la FOGD. Pour les 192 patients (78 %) dont l’évolution était connue, il s’agissait d’une guérison sans séquelle.
Conclusion |
Comparativement à la série de Labadie et al. [1 ] de 1999 à 2015, l’incidence des cas, probablement sous-déclarés, reste importante en France (133 et 114 dossiers annuels dans cette série) malgré les campagnes d’information du public. De même, cette nouvelle série montre une augmentation de la proportion de jeunes enfants (84 % versus 65 %) de moins de 5ans. Les patients les plus graves sont les enfants âgés de 5ans ou moins, ayant ingéré des PB de diamètre d’au moins 15mm. L’urgence reste à l’extraction fibroscopique dans les 2heures en cas de PB œsophagienne, comme indiqué dans les recommandations publiées par la STC et la Haute Autorité de santé en 2022 et ce délai est encore difficile obtenir en France. Il faut également retenir que même en cas de découverte de la PB dans les selles, il peut y avoir eu un enclavement œsophagien et/ou une deuxième PB. Dans ce cas, l’interrogatoire minutieux des parents est déterminant et la réalisation, en urgence, d’une radiographie thoracique incontournable.
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Vol 36 - N° 3S
P. S82 - octobre 2024 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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