Étude multi-sources des intoxications accidentelles pédiatriques les plus fréquentes et les plus graves en France entre 2014 et 2020 - 11/09/24
Résumé |
Objectif |
Décrire les intoxications (expositions avec symptômes) accidentelles pédiatriques les plus fréquentes et les plus graves à partir de quatre bases de données sanitaires complémentaires afin d’améliorer la prévention.
Méthode |
L’Anses a réalisé, avec la contribution des Centres antipoison (CAP) et de Santé publique France, une analyse rétrospective des données nationales des CAP (SICAP), des passages aux urgences (réseau OSCOUR®), des hospitalisations (dont en réanimation) (PMSI, EPAC) et de mortalité des enfants de moins de 15ans (CépiDc) entre 2014 et 2020 [1 ]. Un même enfant pouvait être compté dans plusieurs sources sans qu’il ne soit possible de l’identifier.
Résultats |
Entre 2014 et 2020, les produits de nettoyage et d’entretien représentaient la 1re cause d’intoxication accidentelle des enfants de moins 15ans enregistrées par les CAP (29 %, notamment produits pour le linge et produits nettoyants de vaisselle ou surface) et la 2e cause de cas graves (22 %, essentiellement dosettes de lessive liquide et produits déboucheurs pour canalisation). Les intoxications par des substances corrosives représentaient par ailleurs 5 % des passages aux urgences et 2 % des hospitalisations en réanimation des enfants de moins de 6ans.
Dans le SICAP, les médicaments humains représentaient la 2e cause d’intoxication accidentelle (16 %, notamment médicaments du système nerveux, dermatologiques, puis respiratoires) et la 1re cause de cas graves (34 %, essentiellement analgésiques opioïdes puis médicaments cardio-vasculaires) chez les moins de 15ans. Les analgésiques non opioïdes étaient par ailleurs responsables de 10 % des hospitalisations pour intoxication des moins de 6ans. Dans cette même tranche d’âge, les trois premières intoxications par des médicaments nécessitant une hospitalisation en réanimation étaient dues aux benzodiazépines, aux psycholeptiques/neuroleptiques/psychostimulants et aux opioïdes pour respectivement 7,5 %, 6 % et 3 % d’entre elles.
Les intoxications au monoxyde de carbone représentaient la 1re cause d’hospitalisation (11 %), la 2e cause d’admission en réanimation (21 %) pour intoxication des moins de 6ans, ainsi que la 1re cause de décès d’enfants de moins de 15ans enregistrés par le CépiDc entre 2014 et 2017 (9 décès sur 23).
Enfin, chez les enfants âgés de moins de 6ans, les intoxications par du cannabis représentaient 7 % des hospitalisations pour intoxication mais 23 % (1re cause) des admissions en réanimation pour intoxication de cette tranche d’âge. Le pourcentage d’admission en réanimation, suite à un recours aux urgences, pour intoxication par du cannabis avait doublé chez les moins de 6ans entre 2014 et 2020 (de 5 % à 11 %). Si en tendance, les intoxications au cannabis ont augmenté pendant la période d’étude, celles au monoxyde de carbone et aux produits ménagers sont restées stables (sauf pour les intoxications par des dosettes de lessive liquide qui ont diminué), et celles aux médicaments ont diminué.
Discussion |
Les intoxications accidentelles pédiatriques, très diverses, restent fréquentes et peuvent être graves. Elles se produisent au cours du développement de l’enfant qui commence à se lever, attraper et mettre à la bouche des produits qui ne lui sont pas destinés. Elles nécessitent de renforcer la communication au public, surtout aux jeunes parents et professionnels de l’enfance, pour ne pas sous-estimer certains risques et réduire le nombre d’accidents. Pour éviter des accidents parfois mortels, il faut veiller à mettre hors de portée de l’enfant, qu’il se trouve à son domicile ou dans un autre lieu, les petits objets et les produits dangereux.
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Vol 36 - N° 3S
P. S81 - octobre 2024 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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