De nombreux cadres théorico-méthodologiques existent pour agir en santé au travail. De même, les recommandations institutionnelles et les incitations réglementaires ont cherché à modifier les pratiques pour que les organisations s’attèlent à prévenir les risques. Or, on observe que de nombreux obstacles empêchent la transformation de ces organisations. L’article se propose d’examiner comment la clinique de l’intervention peut être une ressource pour soutenir des processus d’intervention visant la transformation du travail. À partir d’une étude de cas (une intervention conduite auprès de psychologues exerçant en services de santé au travail), les auteurs cherchent à rendre visible le réel d’une intervention, sa mise en œuvre concrète et les remaniements qu’ils opèrent comme autant d’éléments révélateurs des obstacles et des résistances du terrain mais aussi des dilemmes dans lesquels les professionnels eux-mêmes sont pris dans l’exercice de leur métier. Comment les arbitrages qu’opère l’intervenant entre son cadre d’intervention et la réalité de son travail nous renseignent-ils sur le processus d’intervention et le contexte social dans lequel il se déroule ? C’est à cette principale question que l’article s’intéresse.

Numerous theoretical and methodological frameworks exist for action in occupational health. Likewise, institutional recommendations and regulatory incentives have sought to change practices so that organizations can work to prevent risks. However, a number of obstacles stand in the way of this transformation. This article examines how the clinic of intervention can be a resource to support intervention processes aimed at transforming work. Based on a case study (an intervention carried out with psychologists working in occupational health departments), the authors seek to make visible the reality of an intervention, its concrete implementation and the reshuffles it brings about, as elements that reveal not only the obstacles and resistance in the field, but also the dilemmas in which the professionals themselves find themselves in the exercise of their profession. How do the trade-offs made by practitioners between their intervention framework and the reality of their work inform us about the intervention process and the social context in which it takes place? This is the main question addressed in this article.