Les candidoses invasives (CI) sont des infections sévères, nosocomiales le plus souvent et rencontrées principalement chez des groupes de patients à risque et porteurs de comorbidités. Elles regroupent les candidémies et les candidoses profondes (avec atteinte d'organe associée). De loin les infections fongiques invasives (IFI) les plus courantes, les CI présentent une augmentation de leur incidence. Du fait de leur fréquence et de leur sévérité, de l'identification de facteurs de risque associés à leur survenue, plusieurs stratégies de traitement prophylactique, préemptif ou empirique ont émergé. Ces stratégies sont justifiées par la difficulté et le délai diagnostique imposés par une clinique pauvre et des examens biologiques imparfaits. Des recommandations, aidées par les progrès des techniques diagnostiques et l'émergence de biomarqueurs comme le β-D-glucane (BDG), ont tenté de standardiser les diagnostics et la prise en charge de ces infections. Le choix du traitement de première intention des CI a bien évolué sur les dernières décennies du fait des changements d'épidémiologie mycologique des Candida et de la mutation du stock d'antifongiques. Les échinocandines, et au premier plan la caspofungine, sont devenues le traitement de référence, même si quelques optimisations de posologies pourraient voir le jour. La prise en charge associe le traitement anti-infectieux à la recherche des portes d'entrée et des atteintes secondaires, notamment dans le cadre d'une candidémie. Les candidoses profondes peuvent être sujettes à des prises en charge spécifiques selon l'organe atteint. Malgré les changements récents, la mortalité liée aux CI (près de 47 %) reste un vrai enjeu diagnostique et thérapeutique. La standardisation des prises en charge, les stratégies de traitement, les progrès diagnostiques ainsi que le développement de nouveaux antifongiques laissent entrevoir une marge d'amélioration du pronostic des CI, à contrebalancer avec l'émergence d'espèces résistantes.