Le pédopsychiatre est de plus en plus sollicité dans notre contexte tunisien par les instances judiciaires pour l’examen des enfants et des adolescents. Cette augmentation de demandes serait en partie en rapport avec les progrès dans la législation de protection de la femme et l’enfant. Toutefois, plusieurs difficultés semblent toujours entraver le bon déroulement et suivi de ces examens.

Ceci nous a motivé à mener ce travail dont l’objectif était de déterminer les caractéristiques épidémiologiques et cliniques des enfants examinés dans le cadre d’un examen médico-légal et de discuter les obstacles à l’origine de difficultés de gestion de ces demandes.

Il s’agit d’une étude transversale descriptive et analytique qui a porté sur les dossiers de tous les consultants adressés à la consultation de pédopsychiatrie de Monastir dans le cadre d’un examen médico-légal, durant les années 2021–2022. Nous avons ainsi procédé au remplissage d’une fiche explorant les données sociodémographiques de l’enfant, ses antécédents ainsi que les caractéristiques de l’examen médico-légal.

Notre étude a inclus 454 enfants et adolescents dont le sex-ratio M/F était égal à 1,03 et l’âge moyen de 11 ans. Il s’agit d’une population appartenant majoritairement à un milieu socioéconomique défavorisé et vivant dans une dynamique perturbée. La maltraitance (60,1 %) notamment sexuelle (53,5 %) était le motif le plus fréquent à l’origine de la demande d’examen médico-légal et les diagnostics retenus étaient dominés par les états de stress aigu et post-traumatique et les troubles de l’adaptation. Nous avons aussi noté un taux important de perte de vue pour ceux nécessitant un suivi ainsi que de peu d’informations disponibles sur les suites judiciaires pour les enfants ayant nécessité une prise en charge.

Le présent travail a étudié un sujet crucial, dans lequel nous avons rapporté les caractéristiques sociodémographiques et cliniques des enfants examinés en pédopsychiatrie dans un cadre médico-légal. Une coopération entre tous les intervenants est ainsi nécessaire pour garantir une meilleure prise en charge et surtout une continuité dans les soins accordés à cette population particulière.

Child and adolescent psychiatrists are increasingly being requested by judicial authorities to examine children and adolescents. This increase is in part attributable to progress in Tunisian legislation on the protection of women and children. Nevertheless, clinicians have encountered several difficulties in conducting these examinations. This study aims to analyse the epidemiological and clinical profiles of children examined in a medico-legal context and to discuss the difficulties in managing these examinations.

This is a cross-sectional descriptive and analytical study that examined the records of all patients referred to the Child Psychiatry Department in Monastir as part of medico-legal examinations during the years 2021–2022. We therefore filled in a form to investigate the child's socio-demographic data, background and the specifics of the medical-legal examination.

Our study included 454 children and adolescents with a M/F sex ratio equal to 103 and an average age of 11 years. The majority of the population was of low socioeconomic status and lived in a disrupted environment. Child abuse (60.1%), particularly of the sexual type (53.5%), was the most frequent reason for requesting a medico-legal examination, and the diagnoses retained were dominated by acute and post-traumatic stress disorders and adjustment disorders. We also observed a high rate of interruption in medical follow-up and limited availability of information regarding legal outcomes for children in need of psychiatric care.

The current study delves into a significant matter by delineating the socio-demographic and clinical profiles of children undergoing examination in child psychiatry within a medico-legal framework. Collaboration among all stakeholders is thus imperative to ensure improved management and, most importantly, the continuity of care for this specific population.