L'usure est la détérioration produite par l'usage. Au niveau des tissus dentaires, c'est une manifestation progressive et cumulative qui dépend de nombreux mécanismes complexes. Elle est le plus souvent physiologique, car elle n'engendre pas de douleur, ne perturbe ni la fonction ni l'esthétique, et car elle est corrélée à l'âge des individus. Dans la plupart des cas, aucune prise en charge n'est donc requise, en dehors de simples mesures de prévention. Chez certains individus, difficiles à identifier en pratique clinique, l'usure dentaire est probablement aggravée par le bruxisme lié au sommeil (et possiblement par le bruxisme d'éveil), car certaines conditions physicochimiques sont susceptibles d'être rassemblées lors de l'activité des muscles masticateurs (ex. : importantes contraintes occlusales, hyposialie favorisée par un syndrome d'apnées du sommeil, acidité intrabuccale liée à un reflux gastro-œsophagien). Lorsqu'elle devient pathologique, une prise en charge s'impose. Dans un premier temps, celle-ci doit permettre d'évaluer et d'intercepter les potentiels facteurs de risque qui se surajoutent (ex. : surconsommation de sodas, trouble des conduites alimentaires, brossage dentaire iatrogène), sans oublier que l'usure dentaire (telle qu'elle est classiquement évaluée) n'est qu'un faible indicateur de la présence et de la sévérité du bruxisme lié au sommeil (tel qu'il est classiquement évalué). Dans un second temps, des mesures de réhabilitation orale sont parfois nécessaires. En l'absence de recommandation quant à la meilleure technique à adopter, les thérapeutiques restauratrices doivent toujours être non invasives et réversibles en première intention. Toutes ces actions sont actuellement peu individualisées. Les recherches futures devront permettre d'identifier des phénotypes d'individus particuliers afin d'améliorer, en présence d'une usure dentaire pathologique, la précision du diagnostic et de mieux cibler et prédire les résultats de la prise en charge selon des stratégies de gestion personnalisées.