Ce travail s’inscrit dans le cadre d’une recherche-action en psychologie clinique. Il porte sur les effets psychologiques du délaissement parental chez l’enfant placé en famille d’accueil. L’objectif principal est de contribuer à la compréhension de ce phénomène en proposant une définition psychologique du délaissement.

Le dispositif méthodologique s’appuie sur une approche mixte, quantitative et qualitative. Vingt-deux sujets ont été rencontrés. Deux groupes cliniques ont été créés. Le groupe 1 concerne des enfants qui n’ont plus de relation manifeste avec leur parent de naissance (n = 11). Le groupe 2 regroupe des enfants qui subissent un désinvestissement de la relation parentale (n = 11). Les outils utilisés sont les cartes pour le complètement d’histoire (CCH), une variation de l’Adult Attachment Interview (AAI) avec l’Edicode, des épreuves projectives (test des 5 éléments, CAT, TAT, l’ESM, génogramme imaginaire) et des entretiens cliniques de recherche semi-structurés.

Les résultats soulignent l’expression de traumatisme psychique et la manifestation d’un modèle d’attachement désorganisé. Au niveau des processus psychopathologiques, nous observons l’expression prépondérante d’équivalents dépressifs et luttes antidépressives sur un versant maniaque, des angoisses archaïques et le primat de processus primaires avec un recours intense au clivage fonctionnel. Sur le plan des modèles internes opérants et des imagos parentales, nous constatons une surreprésentation de l’accueil familial par rapport aux familles de naissance.

Ces résultats mobilisent nos hypothèses initiales en termes de quête des origines, de scène primitive, de l’existence de plusieurs romans familiaux ainsi que de la question de la double appartenance des figures d’attachement alternatives par compensation entre les filiations et les affiliations.

À partir de l’analyse des résultats, nous soumettons une définition psychologique du délaissement qui recouvre selon nous trois réalités juridicocliniques sur le plan de la psychopathologie de l’empêchement des parents : le délaissement réel, le délaissement psychique parental et le délaissement par discontinuité.

This work is part of an action-research project in clinical psychology. It focuses on the psychological effects of parental abandonment on foster children. The main objective is to contribute to the understanding of this phenomenon by proposing a psychological definition of parental abandonment.

The methodology was based on a mixed quantitative and qualitative approach. Twenty-two subjects were interviewed. Two clinical groups were created. Group 1 involved children who no longer had an obvious relationship with their birth parents (n = 11). Group 2 consisted of children who had lost interest in their parents. (n = 11). The tools used were the Complete History Cards (CCH), a variation of the Adult Attachment Interview (AAI) with the Edicode, projective tests (a 5-item test, CAT, TAT, ESM, imaginary genogram) and semi-structured clinical research interviews.

The results highlight the expression of psychic trauma and the manifestation of a disorganized attachment pattern. In terms of psychopathological processes, we observed the predominant expression of depressive equivalents and antidepressive struggles on a manic side, archaic anxieties and the primacy of primary processes with intense recourse to functional cleavage. In terms of operating internal models and parental imagos, we note an over-representation of foster care families compared to birth families.

These results confirm our initial hypotheses in terms of the quest for origins, the primitive scene, the existence of several family romances, and the question of dual belonging to alternative attachment figures by compensation between filiations and affiliations.

Based on our analysis of the results, we propose a psychological definition of parental abandonment, which we believe covers three legal-clinical realities in terms of the psychopathology of parental impediment: real abandonment, parental psychic abandonment and abandonment by discontinuity.