Évaluation de l’intérêt d’un traitement de fond immunosuppresseur en prévention des rechutes dans la choroïdite multifocale et la choroïdite ponctuée interne - 08/06/24
Résumé |
Introduction |
La choroïdite multifocale (CMF) et la choroïdite ponctuée interne (PIC) sont deux entités proches faisant partie du « syndrome des taches blanches » et qui se manifestent par l’apparition de lésions inflammatoires choroïdiennes de taille variable (<250μm dans la PIC,>125μm dans la CMF), évoluant par poussées entrecoupées de périodes de rémission. Le pronostic de ces deux entités est à la fois le risque de baisse de vision définitive en lien avec la répétition des épisodes inflammatoires mais surtout le risque d’apparition de néovaisseaux choroïdiens qui peuvent survenir chez environ 30 % à 75 % des patients. Ces pathologies touchent principalement les jeunes femmes myopes et sont dans la plupart des cas idiopathiques. Le traitement de ces pathologies n’est pas codifié et les patients reçoivent souvent des corticoïdes à la phase initiale ainsi que des immunosuppresseurs et des biothérapies en prévention des rechutes, sans qu’il y ait de données suffisantes dans la littérature pour confirmer leur efficacité.
Patients et méthodes |
Nous avons mené une étude monocentrique dans un centre ophtalmologique tertiaire (hôpital Fondation Adolphe de Rothschild). Les patients de plus de 18ans présentant une CMF ou une PIC ont été inclus. Les critères d’exclusion étaient l’existence d’une pathologie inflammatoire ou infectieuse sous-jacente et une durée de suivi de moins de 12 mois.
Résultats |
Trente-huit patients ont été inclus dans l’étude, dont 31 femmes (82 %) et 7 hommes, avec une myopie forte chez 24 patients (63 %). Un diagnostic de PIC a été posé chez 9 patients (24 %) et de CMF chez 29 patients (76 %). L’atteinte était bilatérale d’emblée chez 11 patients (29 %) et 24 patients (63 %) avaient des néovaisseaux choroïdiens présents lors de la première évaluation. La durée de suivi médiane était de 58 mois (range 14–234). Au cours du suivi, 32 patients (84 %) ont reçu une corticothérapie systémique, 16 patients (42 %) au moins un traitement immunosuppresseur conventionnel (MMF n=14, MTX n=4, AZA n=1) et 15 au moins une biothérapie (ADA n=14, IFX=1, Certolizumab n=2, Tocilizumab n=1). Un total de 150 rechutes a eu lieu au cours du suivi, chez 31 patients (82 %), avec un taux annualisé médian de rechute de 0,62 (IQR 0,29–1,16). De nouvelles lésions inflammatoires étaient constatées dans 82 rechutes (55 %) et une réactivation de néovaisseaux dans 88 rechutes (59 %). Le traitement systémique reçu au moment de ces rechutes était : aucun (n=81), corticothérapie orale (n=55, dose médiane 9mg), immunosuppresseurs conventionnels (n=26) et biothérapies (n=13). Parmi les patients ayant reçu un traitement immunosuppresseur conventionnel, le taux de rechute annualisé médian pré-traitement était de 1,82 (IQR 0,87–2,43) contre un taux médian post-traitement de 1,05 (IQR 0,52–2,79, p=0,94). Parmi les patients ayant reçu une biothérapie, le taux de rechute annualisé médian pré-biothérapie était de 2,3 (IQR 1,25–3,41) et le taux de rechute annualisé médian post-biothérapie était de 0 (IQR 0–0,25, p<0,001). Les patients ayant des néovaisseaux choroïdiens au diagnostic avaient une survie sans rechute significativement moins importante que les patients sans néovaisseau (log rank, p=0,008). À l’issue du suivi, 11 patients (29 %) avaient une acuité visuelle à moins de 5/10ème (unilatéral chez 10 patients, bilatéral chez 1 patient). Un seul patient (3 %) a développé des néovaisseaux alors qu’il n’en présentait pas au début du suivi. Une patiente a présenté une tuberculose multiviscérale sous Adalimumab, d’évolution favorable sous traitement antituberculeux, avec possible reprise du traitement au décours.
Conclusion |
Les rechutes dans la CMF et la PIC sont fréquentes et peuvent se manifester par des récidives de lésions inflammatoires ou une réactivation de néovaisseaux choroïdiens, pouvant à terme impacter fortement le pronostic visuel. Les biothérapies, et en particulier les anti-TNF alpha, semblent réduire le risque de récidive des poussées chez ces patients, avec un bon profil de tolérance. Des études de plus grande ampleur permettraient d’étudier si ces traitements sont associés à un meilleur pronostic visuel.
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Vol 45 - N° S1
P. A86-A87 - juin 2024 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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