Clustering semi-supervisé d’une cohorte d’uvéites sarcoïdosiques : description des sous-phénotypes cliniques - 08/06/24

Résumé |
Introduction |
La sarcoïdose est une maladie systémique inflammatoire caractérisée par la formation de granulomes épithélioïdes et gigantocellulaires dans une large variété d’organes cibles, essentiellement le poumon et les ganglions intrathoraciques. Dans la littérature, 10 à 55 % des patients présentent une atteinte oculaire, et 20 à 30 % une uvéite. Il est classiquement admis qu’un regroupement phénotypique des patients existe (notamment en fonction de l’ethnie et de la présentation clinique), mais les données cliniques sont encore peu nombreuses [2 , 1 ]. Nous rapportons ici les résultats d’une analyse en clustering semi-supervisé de deux cohortes de patients pris en charge dans deux centres tertiaires, l’un en France (n=369) et l’autre en Nouvelle Zélande (n=362).
Patients et méthodes |
Les bases de données incluaient les caractéristiques démographiques, les caractéristiques anatomocliniques des uvéites et les manifestations extra-ophtalmologiques de la sarcoïdose. Le diagnostic d’uvéite sarcoïdosique reposait sur les critères IWOS (International Workshop on Ocular Sarcoidosis), d’Abad modifiés ou SUN (Standardized Uveitis Nomenclature). Ont été pris en compte pour la réalisation du clustering : l’âge au diagnostic de sarcoïdose, l’origine ethnique, les signes ophtalmologiques pris en compte dans les critères IWOS, et les atteintes d’organes de la sarcoïdose. Afin de réduire la dimensionalité des données, une analyse factorielle des données mixtes (FAMD) a été réalisée. Les données manquantes ont été imputées grâce à l’algorithme FAMD itératif régularisé du package missMDA. Une classification hiérarchique sur composantes principales (HCPC) a ensuite été réalisée. Le nombre de clusters optimal était celui réalisant la perte relative d’inertie la plus importante entre deux niveaux.
Résultats |
La répartition des sexes était identique entre la cohorte française (FR) et néozélandaise (NZ). Les patients NZ étaient plus jeunes que les patients FR (44,0 [34,0 ; 56,0] vs 52,0 [36,0 ; 67,0]. On observe statistiquement plus d’association d’uvéites antérieures et intermédiaires dans la cohorte française (19,8 vs 3,78 %). Les atteintes systémiques sont réparties de façon équivalent dans les deux cohortes sauf l’atteinte cutanée qui est plus fréquente dans la cohorte NZ (30,7 vs 20,6, p=0,007). Dans les deux cohortes, les sujets caucasiens étaient plus âgés au diagnostic (p<0,001) et présentaient moins fréquemment des uvéites antérieures granulomateuses (p<0,001). Après l’HCPC, trois clusters ont été mis en évidence (C1-3). Le premier cluster (C1=164) comprenait essentiellement des patients non-caucasiens (67,7 %) avec un quart de patients Afro-caribéens (26,2 %). L’âge médian au diagnostic était de 40ans [31,0 ; 53,0]. La présentation ophtalmologique la plus fréquente était une uvéite antérieure granulomateuse (49,7 %) et bilatérale (81,6 %). Une localisation extra-ophtalmologique était fréquemment observée : atteinte pulmonaire (86,6 %), cutanée (55,5 %), articulaire (47,0 %), hépatique (31,1 %) ou neurologique (26,8 %). Le cluster C2 (n=229) regroupait essentiellement des patients caucasiens (66,4 %) avec un âge médian de 57,0ans [45,0 ; 68,0]. Les présentations ophtalmologiques étaient réparties en uvéites antérieures isolées (30,1 %), intermédiaires (23,1 %) ou une combinaison des deux (18,8 %). L’uvéite était le plus souvent isolée sans maladie systémique associée. Le cluster C3 (n=214) incluait une majorité de patients caucasiens (54,2 %), d’âge médian 44,5 [31,0 ; 61,0], quasiment exclusivement porteurs de panuvéites (84,6 %). La présentation systémique était similaire à celle du C2 avec une proportion plus importante d’atteintes cutanées (20,6 vs 6,1 %). Les uvéites étaient très souvent bilatérales (96,7 %), granulomateuses (70,8 %) et associées à une choroïdite multifocale (80,8 %).
Conclusion |
Cette étude bicentrique réalisée à partir de deux centres tertiaires incluant un nombre important d’uvéites sarcoïdosiques montre des associations phénotypiques qui peuvent guider le clinicien dans l’approche diagnostique. Les observations faites par Niederer et al. concernant le phénotype des patients caucasiens (plus âgés et avec moins d’atteintes systémiques) sont également confirmées sur la cohorte française. Les uvéites antérieures isolées de sujets non-caucasiens jeunes sont volontiers associées à une atteinte systémique alors que les uvéites des patients caucasiens plus âgés sont le plus souvent isolées, avec peu voire sans manifestation extra-ophtalmologique associée.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Plan
Vol 45 - N° S1
P. A85 - juin 2024 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
L’accès au texte intégral de cet article nécessite un abonnement.
Déjà abonné à cette revue ?