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Les immunoglobulines polyvalentes (IgP) enrichies en IgA et en IgM, une alternative aux IgP conventionnelles dans les déficits sévères en anticorps ? À propos de 10 patients inclus dans un protocole national d’accès compassionnel - 08/06/24

Doi : 10.1016/j.revmed.2024.04.371 
A. Collet 1, E. Ledoult 2, J.F. Viallard 3, A. Serris 4, N. Schleinitz 5, M. Cheminant 6, C. Fieschi 7, C. Dumas De La Roque 3, S. Stabler 8, S. Sanges 2, D. Pelletier De Chambure 9, J. Fadlallah 7, M. Malphettes 7, A. Perlat 10, G. Gorochov 11, A. Conrad 12, A. Ampère 13, F. Mirgot 1, F. Suarez 6, G. Lefèvre 1,
1 Institut d’immunologie, CHU de Lille, Lille 
2 Médecine interne, immunologie clinique, CHU de Lille, Lille 
3 Médecine Interne, hôpital Haut-Lévèque, Bordeaux 
4 Maladies Infectieuses, hôpital Necker, Paris 
5 Médecine interne, hôpital de la Conception (AP–HM), Marseille 
6 Hématologie, hôpital Necker, Paris 
7 Immunologie clinique, hôpital Saint-Louis, Paris 
8 Maladies infectieuses et tropicales, CHU de Lille, Lille 
9 Allergologie, CHU Lille, Lille 
10 Médecine interne, centre hospitalier universitaire de Rennes, Rennes 
11 Inserm umr 1135, cimi, université Pierre-et-Marie-Curie, Paris 
12 Maladies infectieuses et tropicales, hôpital de la Croix-Rousse - HCL, Lyon 
13 Pneumologie, C.H. de Béthune Beuvry, Beuvry 

Auteur correspondant.

Résumé

Introduction

Les patients atteints d’agammaglobulinémies liées à l’X, de déficits immunitaires communs variables (DICV) ou de déficits immunitaires combinés (DIC) reçoivent un traitement substitutif par immunoglobulines polyvalentes (IgP) dites « conventionnelles » contenant quasi exclusivement des IgG (>95 %). Certains patients continuent de faire des infections bactériennes ORL, bronchopulmonaires répétées et/ou graves, et peuvent voir leurs bronchectasies progresser, malgré un traitement jugé optimal sur la base du taux résiduel d’IgG [1, 2]. Un protocole d’utilisation temporaire et de suivi des patients (PUT-SP) a été créé en 2023 pour évaluer la tolérance et l’efficacité de Pentaglobin®, une préparation d’IgP contenant 12 % d’IgA, 12 % d’IgM et 76 % d’IgG [3].

Patients et méthodes

Les critères d’octroi de Pentaglobin® étaient les suivants : patient présentant un déficit immunitaire primitif responsable d’un défaut de production d’anticorps caractérisé par un taux d’IgA et/ou IgM sérique<à 0,07g/L, ET des infections graves ou récurrentes en échec d’un traitement antibiotique ET malgré un traitement substitutif par IgP conventionnelles bien conduit [3]. Les modalités de perfusion adaptées à la perfusion en hôpital de jour, et en hopitalisation à domicile dans un 2e temps (HAD), ont été proposées. Un cahier de recueil des données standardisé a été complété grâce aux dernières nouvelles transmises par le médecin référent. Des dosages des IgA et IgM salivaires ont été effectués chez 3 patients dans les 7jours suivant une perfusion de Pentaglobin®.

Résultats

Dix patients adultes répondant aux critères d’octroi ont été inclus et analysés. Âgés de 19 à 64ans, il s’agissait de patients avec DICV (n=5) sans IgA (n=5) et IgM (n=4) détectables, agammaglobulinémies (n=3), DIC sans IgA/M détectables (n=2). Tous les patients ont reçu des injections bimensuelles de Pentaglobin® de 6 à 10mL/kg. Le suivi était ≥6 mois pour 3 patients ; entre 6 semaines et 6 mois pour 4 patients ; et inférieur à 6 semaines pour 3 patients qui venaient de commencer le traitement au moment du recueil (1 à 3 perfusions). Cinq patients ont présenté des effets secondaires mineurs à modérés d’hypersensibilité pendant ou au décours de la perfusion (n=4, poursuite du traitement) ou dès les premières minutes (n=1 patiente préalablement sous Gammagard®, suspension du traitement après la première cure de Pentaglobin®). Un autre arrêt provisoire a eu lieu en raison d’une neutropénie fébrile (non imputable) et un autre définitif à la demande du patient (en raison de la fréquence des injections en HDJ). Tous les patients avaient des IgA et IgM détectables à J14 lors du dernier contrôle (IgA et IgM (min-max) entre 0,07–0,37, et 0,07–0,5g/L, respectivement). Un passage transitoire des IgA et des IgM dans les sécrétions salivaires a été observé chez les 3 patients testés. Parmi les 5 patients avec un suivi de plus de 6 semaines (2, 3, 6, 7 et 11 mois), un bénéfice clinique au moins partiel était rapporté chez 4 patients. Une patiente a pu débuter les perfusions en HAD avec un protocole adapté. Aucun patient n’a développé d’IgG anti-IgA à ce jour.

Discussion

Les IgA et M sont des Ig essentielles à l’immunité muqueuse, mais elles sont absentes des IgP conventionnelles. Malgré le faible effectif et le suivi encore limité pour la plupart des patients, cette première série apporte des données préliminaires encourageantes sur l’utilisation des IgP enrichies en IgA et IgM.

Conclusion

Les données acquises avec la poursuite de ce PUT-SP permettront d’affiner les posologies de traitement, d’optimiser les modalités d’administration (durée de perfusion, passage plus précoce en HAD) aux besoins de ces patients DIP sévères, en vue de réaliser des essais cliniques prospectifs contrôlés, pour évaluer l’efficacité clinique et la tolérance.

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Vol 45 - N° S1

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