Les anticorps anti-U1RNP sont associés à un phénotype clinique distinct et une moins bonne survie chez les patients atteints de sclérodermie systémique - 08/06/24
Résumé |
Introduction |
La sclérodermie systémique (ScS) est une connectivite rare. Elle se caractérise par des anomalies de la microcirculation, de la fibrose, et une auto-immunité révélée par la présence d’auto-anticorps. Parmi ces auto-anticorps, certains sont spécifiques de la ScS (anticorps anti-topoisomérase I ou Scl-70, anti-ARN polymérase III et anti-centromère). D’autres auto-anticorps peuvent aussi être présents, notamment les anti-U3-ribonucléoprotéine, anti-Th/To, anti-PM/Scl, anti-Ku ou anti-ribonucléoprotéine U1 (anti-U1RNP).
Les anticorps anti-U1RNP sont le marqueur sérologique de la connectivite mixte (CM, ou syndrome de Sharp) mais sont aussi retrouvés dans d’autres connectivites telles que le lupus systémique (LS), les myopathies inflammatoires idiopathiques ou le syndrome de Sjögren primaire (SS) [1 , 2 ]. Bien que les anti-U1RNP soient présents dans 6 à 8 % des cas de ScS, seules quelques études ont analysé leur influence sur la présentation clinique, l’évolution et le pronostic des patients atteints de ScS. L’étude présentée ici a eu pour objectif de mieux caractériser l’influence des anticorps anti-U1RNP dans la ScS.
Patients et méthodes |
Nous avons mené une étude monocentrique cas-témoins, rétrospective, observationnelle et longitudinale. Dans cette étude, chaque patient patient ScS-RNP+ était comparé à 2 patients ScS-RNP- matchés aléatoirement sur l’âge, le sexe et la date d’inclusion et à 1 patient atteint de CM.
Résultats |
Parmi les 1184 patients ScS suivis dans notre service, 64 (5,4 %) présentaient des anti-U1RNP. Ces patients ont été comparés à 128 patients ScS-RNP- et 64 patients CM. Soixante et un (95,3 %) des patients ScS-RNP+ étaient des femmes avec un âge médian de 46 [34–54] ans. Comparés aux patients ScS-RNP-, les patients ScS-RNP+ étaient plus souvent d’origine afro-caribéenne (31,3 vs 11 %, p<0,01), et présentaient plus souvent un syndrome de chevauchement (53,1 vs 22,7 %, p<0,0001), avec comme seconde connectivite la plus fréquemment retrouvée un SS (n=23, 35,9 %) et/ou un LS (n=19, 29,7 %). Les patients ScS-RNP+ avaient plus fréquemment une sclérodermie systémique cutanée limitée (n=49, 76,6 %) que les patients ScS-RNP- (n=51, 39,8 %, p<0,05) avec un score modifié de Rodnan significativement plus bas (p<0,05) et moins souvent une capillaroscopie unguéale anormale (p<0,05).
À l’inclusion, les patients ScS-RNP+ présentaient plus fréquemment que les patients ScS-RNP- ou CM une pneumopathie interstitielle diffuse (PID) (60,9 vs 44.5 % et 12,5 %, p<0,0001), une fibrose pulmonaire (48,4 vs 26,6 % et 3,1 %, p<0,0001), une myopathie associée à la ScS (28,1 vs 6,3 % et 6,3 %, p<0,01) et une atteinte rénale (p<0,01), Après un suivi médian de 77 [53–117] mois, ces différences persistaient avec le développement significativement plus fréquent d’une PID (p<0,05), d’une fibrose pulmonaire (p<0,0001), d’une myopathie associée à la ScS (p<0,0001) ou d’une atteinte rénale (p<0,5) chez les patients ScS-RNP+ comparés aux patients ScS-RNP- ou CM.
Après un suivi de 200 mois, les patients ScS-RNP+ avaient, comparativement aux patients ScS-RNP- et CM, une moins bonne survie globale (p<0,05), une moins bonne survie sans progression de la PID (p<0,01) et une moins bonne survie sans apparition de fibrose pulmonaire (p<0,05).
Conclusion |
Dans la ScS, les anticorps anti-U1RNP sont associés à une incidence plus élevée de syndrome de chevauchements, à un phénotype clinique distinct marqué par des atteintes pulmonaires, musculaires et rénales plus fréquentes, et à une survie globale et sans progression pulmonaire plus mauvaises que les patients ScS-RNP- et CM.
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Vol 45 - N° S1
P. A76 - juin 2024 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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