L’activation de la voie de l’EGFR entraîne un remodelage vasculaire via une interaction entre macrophages et cellules musculaires lisses dans l’artérite à cellules géantes - 08/06/24
Résumé |
Introduction |
L’artérite à cellules géantes (ACG) est une vascularite granulomateuse affectant les gros vaisseaux. Le rôle des monocytes/macrophages et des cellules musculaires lisses (CML) semble prépondérant dans la physiopathologie de la maladie. Le traitement standard de l’ACG repose sur les glucocorticoïdes (GC), qui sont très efficaces, mais n’empêchent pas l’apparition de lésions vasculaires et leurs conséquences. Ainsi, une meilleure compréhension des mécanismes physiopathologiques impliqués dans l’ACG semble nécessaire pour améliorer la prise en charge des patients. La voie de l’EGFR (Epithelial Growth Factor Receptor) pourrait jouer un rôle dans certains maladies inflammatoires, ainsi que dans la migration et la prolifération des CML. L’HBEGF (Heparin-binding epidermal growth factor) et l’amphiréguline (AREG) sont les ligands de l’EGFR les plus connus. De plus, leur rôle dans les maladies inflammatoires émerge dans la littérature. L’objectif de cette étude était donc d’étudier le rôle de la voie de signalisation de l’EGFR dans la physiopathologie de l’ACG.
Matériels et méthodes |
Du matériel humain et des lignées cellulaires ont été utilisés dans cette étude. Les échantillons de sérum et les biopsies d’artère temporale (BAT) ont été obtenus auprès de patients participant à l’étude VASCO (VASculitis COhort), une cohorte prospective de patients atteints de vascularite systémique. Deux lignées cellulaires ont par ailleurs été utilisées : HAoSMC (CML aortique humaine) et THP-1, monocytes humains.
Résultats |
Grâce à des techniques d’immunohistochimie (IHC) multiplex et de quantification, nous avons mis en évidence que les BAT de patients atteints d’ACG exprimaient des niveaux significativement plus élevés d’AREG, d’HBEGF, d’EGFR et de p-EGFR par rapport aux BAT de témoins. Les images de colocalisation ont montré qu’AREG, HBEGF et EGFR étaient exprimés par les macrophages et HBEGF, EGFR et p-EGFR par les CML (Figure). En utilisant une technique d’IHC multiplex et des tests ELISA, nous avons constaté que l’AREG, le HBEGF, l’EGFR et le pEGFR étaient significativement plus élevés dans les macrophages que dans les THP-1, en particulier dans les macrophages polarisés pro-inflammatoires (M1). Les niveaux d’AREG et d’HBEGF étaient augmentés dans le surnageant des macrophages polarisés M1 et l’HBEGF dans le surnageant des macrophages M2. Par ailleurs, la stimulation des cellules THP-1 par l’AREG ou le HBEGF induisait la phosphorylation de p38 et l’activation de la voie MAPK. Sur une technique d’imagerie de cellules vivantes (Live cell imaging) AREG et HBEGF augmentaient à la fois la réplication et la migration des CML. À l’inverse, AG1478, un inhibiteur de l’EGFR stoppait à la fois la migration et la prolifération des CML, suggérant un rôle clé de la voie de l’EGFR sur les CML. Ni l’AREG ni l’HBEGF n’augmentaient la production de cytokines pro-inflammatoires par les THP1, les macrophages ou les CML (Fig. 1).
Conclusion |
La voie de l’EGFR et son activation par l’AREG et l’HBEGF pourrait jouer un rôle clé dans la physiopathologie de l’ACG, en particulier dans la phase de remodelage vasculaire, qui est responsable des complications tardives et qui n’est pas bien ciblée actuellement par les thérapies immunosuppressives. Une stratégie thérapeutique ciblant la voie de l’EGFR ou ses ligands pourrait ainsi permettre un effet épargneur de corticoïdes et améliorer le traitement des patients atteints d’ACG.
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Vol 45 - N° S1
P. A75-A76 - juin 2024 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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