Les hyperéosinophilies et syndromes hyperéosinophiliques : caractéristiques des 550 premiers patients inclus dans la cohorte COHESion, une cohorte nationale multicentrique - 08/06/24
COHESion study group
Résumé |
Introduction |
Les syndromes hyperéosinophiliques (SHE) et les hyperéosinophilies (HE) sont un groupe hétérogène de maladies, dont les étiologies peuvent être clonales, réactionnelles (secondaires) ou idiopathiques. À ce jour, seules des études rétrospectives de taille et/ou de durée de suivi limitées ont décrit les caractéristiques des patients avec les différentes formes d’HE ou SHE, et principalement dans des centres experts. Nous décrivons ici la mise en place d’une cohorte nationale associant des centres experts du CEREO, et des services de différentes spécialités au sein d’hôpitaux universitaires ou généraux, et les principales caractéristiques des patients inclus.
Patients et méthodes |
L’étude COHESion est une cohorte nationale prospective multicentrique (n>50 centres actifs), multidisciplinaire, recrutant depuis le 1er mai 2019 à la fois des adultes et des enfants, déjà suivis dans le centre ou nouvellement diagnostiqués.
Les critères d’éligibilité englobaient le spectre complet des HE/SHE, notamment les HE/SHE réactionnels (HE/SHE-R) secondaires à une infection notamment parasitaire, une hypersensibilité médicamenteuse retardée (HSR), une maladie auto-immune ou inflammatoire, un cancer solide ou une hémopathie, mais aussi le variant lymphoïde (HE/SHE-L), les HE/SHE clonaux ou « myéloïdes » (HE/SHE-M), les SHE idiopathiques (SHE-I), les HE asymptomatiques de signification indéterminée (HE-US), les situations de chevauchements entre SHE et la maladie associée aux IgG4, ou la granulomatose éosinophilique avec polyangéite (GEPA) ANCA-négative (selon les critères adaptés de la classification ACR/EULAR 2022 avec au moins un asthme, et une vascularite clinique et/ou histologiquement prouvée).
Chez les patients atteints de SHE-I, les profils évolutifs ont été classés ainsi : (i) profil de « poussée unique » lorsqu’une seule poussée est survenue, traitée ou non, sans rechute ultérieure, (ii) profil de poussées récurrentes avec rémissions lorsqu’il y avait au moins une fois un intervalle de 6 mois sans symptômes entre deux poussées, et (iii) profil de « maladie chronique persistante » quand une corticothérapie au long cours était nécessaire pour éviter les rechutes précoces. Toutes les données ont été saisies et analysées de manière centralisée par les chargé(e)s de projets et attaché(e)s de recherche clinique du CEREO.
Résultats |
Après 54 mois d’activité, 779 patients ont été inclus dans des hôpitaux généraux (20 %), des hôpitaux universitaires (46 %) ou dans un des centres experts du CEREO (34 %).
Au moment de l’analyse, 550 cas étaient disponibles pour une analyse centralisée (âge moyen (±ET) : 56±18 ans, 42 % de patientes). Les diagnostics étaient les suivants : SHE idiopathiques (n=258, 47 %), HE/SHE-R (n=87, 16 %), HE-US (n=80, 15 %), HE/SHE-M (n=40, 7 %), HE/SHE-L (n=34, 6 %).
Parmi les patients atteints de HE/SHE-R (n=87), les maladies sous-jacentes ou associées étaient une HSR (23 %), une parasitose (22 %), une hémopathie lymphoïde (18 %), un cancer solide (10 %), une maladie inflammatoire chronique (8 %), une mastocytose systémique (6 %) ou d’autres causes (13 %). Par ailleurs, certains patients remplissaient également les critères de la maladie associée aux IgG4 (n=13, 2 %) ou de GEPA ANCA-négative (n=38, 7 %).
À la dernière visite, les profils évolutifs des 258 patients atteints de SHE-I étaient les suivants : n=42 (16 %) poussée unique, n=73 (28 %) formes récurrentes et n=119 (46 %) maladies chroniques persistantes. Enfin, 24 (9 %) cas restaient non classés en raison d’un recul insuffisant suite au diagnostic initial.
Conclusion |
La cohorte COHESion est la première étude prospective multicentrique et multidisciplinaire de dimension nationale, collectant des données sur les patients atteints de HE et SHE. Cette cohorte permettra de décrire en détail les différentes formes de SHE, les atteintes d’organes, leur pronostic, et le bénéfice des nouvelles thérapies ciblées disponibles dans les différents variants de HE et SHE. Cette cohorte confirme déjà que les patients atteints de SHE idiopathiques présentent des profils évolutifs différents, suggérant des mécanismes physiopathologiques distincts, et la nécessité de stratégies thérapeutiques personnalisées.
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Vol 45 - N° S1
P. A69-A70 - juin 2024 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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