Vascularite des gros vaisseaux associées aux inhibiteurs de checkpoint immunitaire : étude rétrospective multicentrique - 08/06/24
Résumé |
Introduction |
Les inhibiteurs de checkpoint immunitaire (ICI) ont considérablement amélioré le pronostic de nombreux cancers ces dernières années. Leur principe thérapeutique commun repose sur la levée d’inhibition des lymphocytes cytotoxiques qui retrouvent et/ou exacerbent leur fonction anti-tumorale. Cependant, cette levée d’inhibition s’accompagne dans 60 à 80 % des cas d’effets indésirables dysimmunitaires très variés, mimant parfois des maladies auto-immunes systémiques. Quelques observations de vascularites des gros vaisseaux induites par ICI ont été rapportées. L’objectif de ce travail est de décrire les caractéristiques et l’évolution des patients avec une vascularite des gros vaisseaux, après ou pendant un traitement par ICI, comparativement à des vascularites non immuno-induites.
Patients et méthodes |
Nous avons conduit une étude européenne, multicentrique, rétrospective. Nous avons inclus des patients adultes ayant présenté une vascularite des gros vaisseaux après au moins une perfusion d’ICI. Chaque cas a été comparé à quatre contrôles avec une vascularite des gros vaisseaux non immuno-induite, appareillés sur le genre et l’âge (±5 ans). Les patients et contrôles avaient une vascularite des gros vaisseaux définies par les critères ACR/EULAR 2022 de l’artérite à cellules géantes ou avaient une preuve en imagerie ou histologique de vascularite des gros vaisseaux.
Résultats |
Vingt et un patients ont pu être inclus entre mars 2018 et janvier 2023. L’âge médian était de 70 [EIQ : 61–74] ans. Quatre (19 %) patients avaient un antécédent de pseudopolyarthrite rhizomélique ou d’artérite à cellules géantes. Les deux principaux cancers motivant le traitement par ICI étaient le mélanome (38 %) et le cancer du rein (24 %). Cinq (29 %) patients avaient reçu une combinaison de nivolumab et ipilimumab, tandis que les autres avaient reçu une monothérapie par anti-PD1 ou anti-PD-L1.
Les premières manifestations de vascularites apparaissaient en médiane après 5 [EIQ : 3–22] perfusions d’ICI et 3 [EIQ : 2–18] mois après la première perfusion. Treize (62 %) patients étaient diagnostiqués de la vascularite dans les 6 premiers mois après l’introduction des ICI.
La présentation clinique était similaire aux contrôles sauf pour la cécité, présente chez quatre (19 %) patients contre 5 (6 %) parmi les contrôles. L’aorte était la principale artère impliquée en imagerie. Une biopsie de l’artère temporale a été réalisée chez 7 patients, et était positive chez 4 d’entre eux. Cinq (26 %) patients avaient un autre effet indésirable dysimmunitaire associé, dont 3 étaient une hépatite.
Tous les patients étaient traités par corticoïdes oraux. La dose médiane initiale de prednisone était de 0,7 [EIQ : 0,7–1] mg/kg/j. Deux (11 %) des patients ont reçu du tocilizumab en première ligne de traitement, associé à la corticothérapie. Les ICI étaient réintroduits ou poursuivis pour 6 (29 %) patients et arrêtés chez 15 (71 %) d’entre eux.
La durée médiane de suivi après le diagnostic de vascularite était de 8 [EIQ : 4–16] mois. Une rémission soutenue (absence de symptômes et/ou imagerie normalisée) était obtenue chez 16 (76 %) patients. Quatre (19 %) patients ont rechuté après une première ligne de traitement contre 37 (44 %) parmi les contrôles. La rechute ou la résistance à une première ligne de traitement étaient observées chez 3/6 (50 %) des patients ayant poursuivi un traitement par ICI contre 3/15 (20 %) des patients ayant arrêté. À la fin du suivi, 5/21 (24 %) patients étaient décédés, dont 4 du cancer et 1 d’un infarctus du myocarde, tandis que seulement 2 (2 %) étaient décédés dans le groupe contrôle.
Conclusion |
Les vascularites des gros vaisseaux sont une complication rare des ICI. Elles surviennent dans la majorité des cas dans les 6 premiers mois après l’initiation du traitement. Une élévation inexpliquée des marqueurs inflammatoires chez des patients traités par ICI doit inciter à chercher des manifestations d’artérite. Bien que les patients ayant poursuivi ou repris un traitement par ICI semblent avoir une vascularite plus réfractaire ou sujette aux rechutes, la prise en charge du cancer, principal facteur pronostic, devrait être priorisée.
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Vol 45 - N° S1
P. A66-A67 - juin 2024 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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