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Maladies associées aux anticorps anti-centromère protéine de type F (anti-CENP-F) : une série de 109 patients - 08/06/24

Doi : 10.1016/j.revmed.2024.04.336 
A. Le Joncour 1, , J.L. Charuel 2, S. Choquet 3, J.P. Spano 4, Z. Amoura 5, D. Saadoun 1, P. Ghillani-Dalbin 2, P. Cacoub 6
1 Département de médecine interne et immunologie clinique, groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière, Paris 
2 Département d’immunologie, hôpital Pitié-Salpêtrière, Paris 
3 Onco-hématologie, hôpital Pitié-Salpêtrière, Paris 
4 Oncologie, hôpitaux universitaires Pitié-Salpêtrière – Charles-Foix, Paris 
5 Service médecine interne 2, hôpitaux universitaires Pitié-Salpêtrière – Charles-Foix, Paris 
6 Département de médecine interne et immunologie clinique, hôpital de la Pitié-Salpêtrière, AP–HP, Paris 

Auteur correspondant.

Résumé

Introduction

Les anticorps anti-CENP-F font partie d’une catégorie d’anticorps antinucléaires (AAN) appelée MSA (« mitotic apparitus antigen ») qui inclut également les anticorps anti-NUMA (ou MSA-1), les anticorps anti-midbody (ou MSA-2) et les anticorps anti-centrosome. Les anticorps anti-CENP-F sont désignés sous le terme MSA-3.

Ces anticorps anti-CENP-F sont rares, présents dans moins de 1 % des cas de positivité aux AAN. À la fin des années 1990, certaines études ont suggéré une association des anti-CENP-F avec un cancer dans près de 50 % des cas, principalement cancers du sein et du poumon. Cependant, ces études portaient sur de faibles effectifs (4 à 30 patients).

L’objectif de cette étude est d’analyser les caractéristiques clinicobiologiques et les diagnostics associés à la présence des anticorps anti-CENP-F (MSA-3).

Patients et méthodes

Il s’agit d’une étude rétrospective monocentrique menée sur la période 2011 à 2023. Sur 150 676 sérums testés, 112 584 (64,7 %) étaient positifs pour les AAN (immunofluorescence indirecte sur cellules HEp-2). Parmi les sérums AAN positifs, 203 (0,2 %) avaient une fluorescence typique pour les anti-CENP-F (MSA-3), correspondant à 119 patients. Dix patients ont été exclus faute de données cliniques et biologiques disponibles. Ainsi, 109 patients positifs pour les anticorps anti-CENP-F (MSA-3) ont été inclus dans l’analyse. Les données démographiques, cliniques, biologiques et le suivi à long terme ont été examinés.

Résultats

L’âge moyen était de 48,6±18,4 ans, 29 (26,6 %) patients étaient des hommes. Les antécédents médicaux révélaient la présence de diabète, d’hypertension artérielle, de cardiopathie ischémique et de cancer chez respectivement 12 (11 %), 31 (28 %), 7 (6,4 %) et 6 (5,5 %) des patients. Vingt-sept (25 %) patients présentaient des antécédents de maladies auto-immunes. Trois patients (2,8 %) avaient eu une transplantation d’organe solide et six (5,5 %) une allogreffe de cellules souche.

Vingt-deux (20,2 %) patients présentaient un taux d’anti-CENP-F de 1/80, 53 (48,6 %) entre 1/160 et 1/320, 17 (15,6 %) à 1/640 et 17 (15,6 %)1/1280. Quarante patients (36,7 %) présentaient également un autre aspect à l’immunofluorescence, principalement de type moucheté (28/40). Les anti-CENP-F étaient persistants chez 34/46 (74 %) des patients. Un anticorps spécifique de maladie auto-immune a été retrouvé chez 29 (26,6 %) des patients.

Après une durée moyenne de suivi de 4,3±3,6 ans, les diagnostics posés étaient les suivants : maladie auto-immune 41 (37,6 %) patients (9 lupus, 9 Sjögren, 5 polyarthrites rhumatoïdes, 4 connectivites mixtes, 4 thyroïdites, 2 SAPL, 1 sclérodermie, 1 hépatite auto-immune, 1 dermatomyosite, 5 autres), maladie neurologique 17 patients (15,6 %) (3 accidents vasculaires cérébraux, 2 scléroses latérales amyotrophiques, 2 scléroses en plaques, 5 neuropathies, 5 autres), hémopathie 9 (8,3 %) patients (6 GVH, 2 hémopathies lymphoïdes, 1 myélodysplasie) et cancer 11 patients (10,1 %). Parmi ces derniers, deux patients présentaient un cancer et une maladie auto-immune (Sjögren et hépatite auto-immune). À la fin du suivi, 13 (11,9 %) patients étaient décédés.

Parmi les 11 patients atteints de cancer il s’agissait de : 4 cancers pulmonaires, 1 cancer du sein, 1 mésothéliome, 2 carcinomes épidermoïdes, 1 cancer anal, 1 cancer colique et 1 cancer utérin. Le cancer avait été diagnostiqué avant la recherche des AAN chez 7 patients, après chez 2 patients (+5 ans, +3 ans), et de façon concomitante chez 2 patients.

Les patients atteints de cancer étaient significativement plus âgés (67,5 vs 46,5 ans, p=0,0005), avaient plus de facteurs de risque cardiovasculaire et un taux d’anticorps anti-CENP-F plus élevé (taux d’anticorps anti-CENP-F1/640 63,6 % vs 27,5 %) et un taux de mortalité plus élevé (45,5 % vs 8,2 %, p=0,003). En analyse multivariée aucun facteur n’était statistiquement prédictif de cancer.

Conclusion

Les anticorps anti-CENP-F sont très rares (0,2 % des sérums testés) et les cancers ne représentent que 10 % des cas et sont le plus souvent diagnostiqués plusieurs mois avant la recherche des AAN. Aucun facteur prédictif de cancer n’a été clairement identifié en présence d’anticorps anti-CENP-F positifs. Une vigilance pourrait être suggérée chez les patients de plus de 55 ans présentant un taux d’anticorps1/1280. Les maladies auto-immunes sont fréquemment associées aux anticorps anti-CENP-F mais la présence concomitante d’anticorps spécifiques à ces maladies est la règle.

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Vol 45 - N° S1

P. A57 - juin 2024 Retour au numéro
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  • Modulation dose-dépendante des signatures protéomiques par le ianalumab chez les patients atteints de la maladie de Sjögren
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