Étude MYCOLD : anémies hémolytiques auto-immunes à anticorps froids secondaire à une infection par Mycoplasma pneumoniae - 08/06/24
Résumé |
Introduction |
En France, on constate en 2023 une augmentation nette du nombre d’infections à Mycoplasma pneumoniae (MP) [1 , 2 ]. MP est responsable d’infections des voies respiratoires, mais peut induire des manifestations extra-pulmonaires potentiellement graves dont l’anémie hémolytique auto-immune à anticorps froids (AHAI). Si la détection d’agglutinines froides associée à une hémolyse « à bas bruit » est relativement fréquente au cours de l’infection par MP, les formes symptomatiques et/ou sévères d’AHAI sont nettement plus rares [3 ]. Bien que « classique » cette association est mal décrite dans la littérature. Cette étude a pour objectifs de décrire les caractéristiques des patients atteints d’AHAI à anticorps froids associée à une infection à MP ainsi que leurs modalités évolutives.
Patients et méthodes |
Nous avons mené une étude ambispective (rétrospective et prospective), observationnelle, en soins courant, multicentrique. Les patients ont été recrutés via (i) un appel à observations relayé par le Centre de Référence des Cytopénies Auto-Immunes (CeReCAI), et par la SNFMI et (ii) Identification de cas inclus dans l’étude MYCADO (étude observationnelle multicentrique nationale des infections à MP). Pour être inclus les patients devaient avoir eu une infection à MP confirmée compliquée d’une anémie hémolytique avec un nadir du taux d’hémoglobine (Hb)<10g/dL, avec un test direct à l’antiglobuline positif de type C3d.
Résultats |
Seize patients (âge médian [IQR] de 47,5 [41,5–65] ans, 5 femmes [31,3 %]) ont été inclus à ce jour (recrutement en cours). Parmi eux, la moitié présentait des facteurs de risque d’infection respiratoire ; 5 des facteurs de risque cardiovasculaires ; 2 avaient un antécédent d’hémopathie et 2 patients une immunodépression (hémopathie active et traitement immunosuppresseur). Tous les patients présentaient des signes respiratoires d’infection à MP ; 5 des signes digestifs (31,3 %), 2 une acrocyanose (12,5 %) et 6 des urines « porto » (37,5 %). Enfin, 3 patients présentaient une maladie thromboembolique veineuse (3 embolies pulmonaires associées à une thrombose veineuse profonde dans 2 cas). La moitié des patients ont nécessité un séjour en réanimation (dont 2 en raison de l’AHAI) avec ventilation invasive pour 2 patients (12,5 %) et non-invasive chez 4 patients (25 %) ; 2 patients ont reçu des amines vasopressives. Quinze patients ont reçu un traitement antibiotique dont 13 par macrolides avec une résolution complète de l’infection dans tous les cas. Concernant l’AHAI, le diagnostic était porté 11 [7–14] jours après les premiers symptômes de MP. Le taux médian d’Hb au diagnostic était de 5,8 [5–6,1] g/dL avec en médiane des réticulocytes à 90 [59–99] G/L, un taux de LDH à 767 [583–1627] UI/L, un taux d’haptoglobine à 0 [0–0,14] g/L et un taux de bilirubine libre à 35,3 [7–51] μmol/L. Treize patients (81,3 %) nécessitaient le recours des transfusions de culots globulaires (CGR) avec en médiane 3,5 [1,8–4,3] CGR/patient. Neuf patients (56,3 %) ont reçu un ou plusieurs traitements « spécifique » de l’AHAI parmi lesquels une corticothérapie dans 8 cas (50 %), de l’EPO dans 2 cas (12,5 %) et des échanges plasmatiques pour 1 patient (6,3 %). L’évolution de l’AHAI était favorable chez tous les patients en 24,5 [21–28] jours (Fig. 1) sans décès.
Conclusion |
Ces données préliminaires confirment que bien qu’initialement sévère et survenant chez des patients avec une infection respiratoire symptomatique, l’AHAI liée à une infection par MP est de bon pronostic et résolutive en parallèle de l’infection bactérienne. Elle nécessite un recours à un support transfusionnel chez la majorité des patients parfois associé à une courte corticothérapie. La collecte de nouveaux cas et la comparaison à des patients sans AHAI au sein de la cohorte MYCADO permettront d’avoir une estimation de la prévalence de cette complication et d’identifier d’éventuels facteurs de risques associés à sa survenue.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Plan
Vol 45 - N° S1
P. A55-A56 - juin 2024 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
L’accès au texte intégral de cet article nécessite un abonnement.
Déjà abonné à cette revue ?