Risque de prise pondérale sous anti-TNFα au cours des MICI - 08/06/24
Résumé |
Introduction |
Le TNF-alpha est une cytokine pro-inflammatoire réputée pour son effet anorexigène. Les anti-TNF, qui constituent un pilier incontournable de l’arsenal thérapeutique contre les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI), ont soulevé dans certains travaux des interrogations sur la prise de poids et l’obésité. L’objectif de cette étude était d’évaluer l’impact des anti-TNF sur le poids dans le contexte des MICI, en prenant en compte les facteurs confondants tels que la charge inflammatoire associée à la maladie.
Patients et méthodes |
Il s’agit d’une étude longitudinale rétrospective incluant tous les patients suivis entre 2011 et 2023 pour une maladie de Crohn (MC) ou une rectocolite hémorragique (RCH) ayant reçu un traitement par anti-TNF (infliximab, adalimumab, ou golimumab) pendant au moins 12 mois (groupe B), précédée d’une période d’au moins 12 mois sans thérapie ou sous traitement conventionnel (groupe A). Les données démographiques, anthropométriques et liées à la MICI ont été collectées à l’inclusion et un an plus tard pour chaque groupe. La surcharge pondérale a été définie par un indice de masse corporelle (IMC) supérieur ou égal à 25kg/m2. L’activité de la MICI a été évaluée avec un indice de Harvey Bradshaw ≥ 5 et/ou une muqueuse ulcérée à l’iléocoloscopie pour la maladie de Crohn, et avec un score Mayo clinique ≥ 2 et/ou Mayo endoscopique ≥ 2 pour la RCH.
Résultats |
Au total, 77 patients ont été inclus dans le groupe A, et 84 patients dans le groupe B (Sept patients ont été exclus du groupe A en raison de l’absence de données anthropométriques).
Les caractéristiques des patients étaient comparables entre les deux groupes (A vs B) pour l’âge médian à l’inclusion (35 ans vs 34,5 ans), le sexe (femmes : 49,4 % vs 46,4 %), le type de la MICI (MC : 79,2 % vs 78,6 %), la localisation de la MC (iléale : 21,3 % vs 19,7 %, colique : 39,3 % vs 33,3 % ; iléocolique : 39,3 % vs 47 %), le phénotype de la MC (non compliqué : 47,5 % vs 39,4 %), l’étendue de la RCH (pancolite : 68,8 % vs 72,2 %), l’IMC initial moyen (23,2kg/m2 vs 23,0kg/m2), et la proportion des patients en surcharge pondérale (29,9 % vs 29,8 %), sans différence statistiquement significative (p>0,05).
À un an du traitement, la variation pondérale moyenne était de +0,7kg dans le groupe A et de +5,5kg dans le groupe B (p<0,001). De surcroit, dans le groupe B, une proportion plus élevée de patients avaient pris plus de 3kg (35,1 % vs 66,7 % ; p<0,001), plus de 5kg (23,4 % vs 54,8 % ; p<0,001), ainsi qu’une proportion plus importante de patients étaient devenus en surcharge pondérale (13 % vs 26,2 % ; p=0,028).
En analyse univariée, chez l’ensemble de la population de l’étude, le risque de prise de poids de plus de 5kg augmentait avec le traitement par anti-TNF (OR : 4 ; IC 95 % : 2–7,8 ; p<0,001), la chirurgie de résection (OR : 3,6 ; IC 95 % : 1,4–9,5 ; p=0,010), et diminuait avec l’activité de la maladie (OR : 0,3 ; IC 95 % : 0,2–0,6 ; p=0,044). En revanche, cette prise pondérale n’était pas significativement influencée par la corticothérapie (OR : 0,5 ; IC 95 % : 0,2–1,2 ; p=0,131) ou pendant la phase de croissance (OR : 0 ; p=0,999). En analyse multivariée, seuls la chirurgie de résection (OR : 5,8 ; IC 95 % : 1,9–17,2 ; p=0,002) et le traitement anti-TNF (OR : 3,7 ; IC 95 % : 1,5–9,2 ; p=0,005) étaient des facteurs de risque indépendants d’une augmentation de poids de plus de 5kg à un an, indépendamment de l’activité de la maladie (OR : 0,6 ; IC 95 % : 0,2–1,4 ; p=0215).
Par ailleurs, le traitement anti-TNF augmentait de plus le risque de devenir en surcharge pondérale à un an de 2,4 fois (OR : 2,4 ; IC 95 % : 1,1–5,4 ; p=0039).
Conclusion |
Les anti-TNF émergent comme un facteur de risque indépendant de gain de poids et de surcharge pondérale à un an du traitement, indépendamment de l’activité de la maladie. Cette observation souligne la nécessité d’une surveillance attentive de la surcharge pondérale, en raison de l’impact possible sur le syndrome métabolique et le risque cardiovasculaire.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Plan
Vol 45 - N° S1
P. A267-A268 - juin 2024 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
L’accès au texte intégral de cet article nécessite un abonnement.
Déjà abonné à cette revue ?