Maladie de Crohn cutanée répondant aux antipaludéens de synthèse - 08/06/24
Résumé |
Introduction |
Les manifestations cutanées de la maladie de Crohn sont rares. Elles sont plus fréquentes chez les patients présentant une atteinte colorectale. La prise en charge thérapeutique n’est pas codifiée. Nous rapportons ici un cas d’atteinte cutanée spécifique isolée qui a bien répondu à l’hydroxychloroquine (HC).
Observation |
Il s’agit d’une femme âgée de 63 ans, diabétique sous anti-diabétiques oraux, qui consultait pour un intertrigo des plis sous mammaire, inguinaux, et interfessier ainsi qu’une omphalite évoluant depuis 9 mois. Elle rapportait également l’apparition ultérieure d’un nodule fistulisé de la fesse droite.
L’examen trouvait des placards érythémateux infiltrés siège de fissures longitudinales en coup de couteau et parsemés de pustules au niveau de tous les plis, avec la présence de nodules indolores non productifs des deux fesses. L’examen des muqueuses n’a objectivé aucune anomalie.
L’hémogramme, le bilan hépatique, la fonction rénale et le dosage de la calcémie étaient corrects. L’examen histologique de la biopsie cutanée réalisée au niveau des plis interfessier et inguinal a révélé la présence de nombreux granulomes épithélioïdes et gigantocellulaire sans nécrose. Une localisation cutanée d’une MC était le diagnostic le plus probable. Une coloscopie ainsi que des biopsies iléales et coliques ont été réalisées et n’ont pas objectivé de signes en faveur d’une MC digestive. La patiente était initialement mise sous dermocorticoïdes. Devant l’intolérance de ces topiques et la survenue d’une surinfection mycosique des plis sous mammaires, un traitement par l’HC 200 à raison de 2 comprimés par jour a été instauré. L’évolution était marquée par l’amélioration de l’atteinte cutanée avec cicatrisation de presque toutes les lésions fissuraires au bout de 4 mois de traitement.
Discussion |
L’atteinte cutanée au cours de la MC est polymorphe. Elle précède parfois les manifestations digestives, permettant de faire le diagnostic d’une MC latente, ou d’attirer l’attention sur la nécessité d’une surveillance clinique dans l’hypothèse d’une révélation différée. On distingue les manifestations cutanées réactionnelles, notamment l’érythème noueux, l’aphtose buccale et le pyoderma gangrenosum, et les manifestations spécifiques granulomateuses (Crohn métastatique) définies par un aspect histologique identique à celui retrouvé au niveau intestinal, comme chez notre patiente. Ces dernières sont les moins fréquentes. Vu la rareté de ces manifestations cutanées, il n’existe pas de consensus thérapeutique établi. Les médicaments qui ont été proposés comprennent les dermocorticoïdes, les topiques inhibiteurs de la calcineurine, le métronidazole, la corticothérapie générale, l’azathioprine et les inhibiteurs du TNF α. L’intérêt de l’HC a été démontré dans la prévention des poussées de la MC digestive mais n’a pas été étudié dans le traitement de l’atteinte cutanée. Dans notre cas, l’HC a été prescrite devant l’intolérance aux dermocorticoïdes et l’indisponibilité des inhibiteurs de la calcineurine, avec une nette amélioration. Son mécanisme d’action au cours de la MC est l’inhibition des lymphocytes T et la stabilisation de l’inflammation intracellulaire et de la cascade immunitaire.
Conclusion |
La prise en charge thérapeutique de l’atteinte cutanée spécifique au cours de la MC doit être adapté à la sévérité des lésions et à l’association ou non à une MC digestive. L’HC peut constituer une alternative thérapeutique intéressante en cas de contre-indication des immunomodulateurs et des biothérapies notamment en cas d’atteinte cutanée isolée. Cependant des études cliniques sont nécessaires afin de démontrer son efficacité.
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Vol 45 - N° S1
P. A265 - juin 2024 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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