Profil clinique et étiologique des thromboses intracardiaques dans un service de médecine interne - 08/06/24
Résumé |
Introduction |
La thrombose intracardiaque (TIC) peut compliquer un grand nombre de pathologies surtout cardiaques mais aussi des maladies systémiques en particulier celles à haut potentiel thrombogène comme la maladie de Behçet (MB).
Patients et méthodes |
Notre étude est rétrospective concernant 10 patients de TIC, colligés au service de médecine interne de Sfax, sur une période de 24 ans (2000–2023).
Résultats |
Il s’agissait de 9 hommes et une femme. L’âge moyen était 42 ans avec des extrêmes allant de 16 à 68 ans. Les circonstances de découverte étaient non spécifiques à type de fièvre avec altération de l’état général dans 3 cas, une dyspnée isolée dans 2 cas, une dyspnée avec des douleurs thoraciques dans 3 cas, une ischémie digitale dans un cas et une découverte fortuite dans un autre cas. Le diagnostic positif était porté par l’échographie cardiaque transthoracique (ETT) dans tous les cas. La taille moyenne du thrombus était de 26mm (avec des extrêmes de 15 et 37mm), ce dernier était souvent unique dans 6 cas : localisé dans le ventricule droit (VD) dans 4 cas, dans le ventricule gauche (VG) dans un cas, dans l’oreillette droite (OD) dans un cas et au sein d’un anévrysme de l’apex dans un cas. Les thrombi étaient multiples dans 2 cas touchant les deux ventricules chez un patient et le cœur droit (VD et OD) dans un autre. La localisation et le nombre n’étaient pas précisés dans 2 cas. L’angioscanner thoraco-abdominal était réalisé dans 7 cas, il a révélé une embolie pulmonaire (EP) associée chez 3 patients et un cas de thrombose de la veine cave inférieure. Le diagnostic étiologique était dominé par la MB dans 5 cas, dont deux ont présenté la TIC multiple associée à une EP. La TIC était secondaire à une myocardite avec des troubles de la cinétique ventriculaire en rapport avec une polymyosite dans un cas, elle était la complication d’un anévrysme du VG (post-infarctus du myocarde) dans un cas, en rapport avec une hyperhomocystéinémie secondaire à un déficit en vitamine B12 dans un cas et iatrogène post-cathétérisme jugulaire dans un cas où la thrombose siégeait dans l’OD. L’enquête étiologique était négative dans un cas. Par ailleurs, ces TIC n’ont pas révélé un syndrome des anti-phospholipides ni un terrain de thrombophilie constitutionnelle. La prise en charge thérapeutique était basée sur une anticoagulation curative chez tous les patients, associée à une corticothérapie à 1mg/kg/j et un traitement immunosuppresseur pour les patients atteints de MB et pour le cas de polymyosite. L’évolution était bonne avec disparition du thrombus dans sept cas avec un délai moyen de 7 mois. Deux malades atteints de MB ont gardé un thrombus organisé à la paroi. La récidive était notée chez un seul patient ayant une MB.
Discussion |
Les pathologies responsables d’un TIC sont diverses peuvent être locales d’origine cardiaque (la fibrillation atriale, l’anévrysme du VG, les valvulopathies, les troubles de la cinétique post-ischémique) ou extracardiaque compliquant des maladies à haut potentiel thrombotique comme l’amylose cardiaque, le syndrome des anti-phospholipides et la MB [1 ]. La TIC constitue une atteinte exceptionnelle au cours de la MB mais redoutable et doit être évoquée devant toute symptomatologie thoracique. En effet, elle constitue une atteinte grave et une indication au traitement immunosuppresseur et aux anticoagulants. L’ETT est le moyen diagnostic de choix avec une sensibilité de 90 à 95 % et une spécificité de 85 à 90 % [2 ]. Les TIC peuvent toucher n’importe quelle cavité cardiaque avec une prédilection pour le VD souvent appelé « thrombus en transit » compliquant une thrombose veineuse, dans ce cas le risque d’embolie pulmonaire est majeur avec un taux de mortalité estimé à 20 à 45 % [3 ].
Conclusion |
Les TIC sont de fréquence largement sous-estimée et souvent diagnostiqués en post-mortem. Elles Constituent une atteinte grave qui peut mettre en jeu le pronostic vital.
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Vol 45 - N° S1
P. A237-A238 - juin 2024 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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