Gale hyperkératosique : une série de huit cas - 08/06/24
Résumé |
Introduction |
La gale constitue un problème de santé publique dans plusieurs pays du monde. La forme croûteuse appelée gale hyperkératosique (GHK) ou gale norvégienne, est une forme rare et très invalidante.
Le but de notre étude était de déterminer les particularités épidémiologiques, cliniques et thérapeutiques de la GHK.
Patients et méthodes |
Étude rétrospective monocentrique des cas de GHK diagnostiqués dans notre service durant une période de 20 ans (2004–2023).
Résultats |
Nous avons inclus huit cas de gale hyperkératosique (GHK), dont l’âge variait entre 4 mois et 70 ans, avec un ratio homme-femme égal à 3/5. Le délai moyen de consultation était de 3,5 mois. Un prurit dans l’entourage familial était retrouvé dans 4 cas (50 %), tandis que le prurit personnel était présent dans seulement 3 cas (37,5 %).
Trois patients avaient une dermatose chronique antérieure : un psoriasis en plaques (PP), une épidermolyse bulleuse héréditaire et une dermatite atopique. Quatre patients (50 %) étaient déjà sous corticothérapie locale ou générale lors du début des symptômes.
L’examen clinique a montré une éruption érythémateuse squameuse et croûteuse dans sept cas (87,5 %) et une éruption papulo-vésiculeuse généralisée dans le cas restant chez un nourrisson de 4 mois. Une kératodermie palmo-plantaire (KPP) et fissuraire faite de squames jaunâtres et épaisses a été retrouvée dans 5 cas (62,5 %). Nous avons noté une atteinte du visage dans un seul cas et des pavillons des oreilles dans 2 cas.
La dermoscopie, réalisée chez une seule patiente atteinte de PP, a montré le signe du « deltaplane », permettant de suspecter le diagnostic de gale surajoutée. L’examen parasitologique réalisé chez 5 patients a identifié le Sarcoptes scabiei.
Tous les patients ainsi que les membres de leurs familles ont été traités par benzoate de benzyle (BB) pendant 5 à 7jours. L’ivermectine par voie orale a été prescrite chez 2 patients. L’évolution clinique était favorable chez tous les patients, mais il a été nécessaire d’administrer une deuxième cure de BB chez 2 patients.
Discussion |
La GHK, une forme très rare de gale, est extrêmement contagieuse. Elle est le plus souvent observée chez les personnes âgées, immunodéprimées, ou traitées par corticothérapie locale ou générale, comme cela était le cas pour 50 % de nos patients. Par ailleurs, la gale peut affecter des sujets antérieurement sains ou ayant une dermatose préexistante, entraînant une modification de l’aspect clinique de la GHK et un retard de diagnostic.
Les lésions inflammatoires observées dans la GHK sont dues à une réaction d’hypersensibilité retardée déficiente entraînant une réplication massive des acariens, les Sarcoptes scabiei, variété hominis. Par conséquent, la couche cornée s’épaissit, imitant d’autres dermatoses telles que le psoriasis, l’ichtyose et la maladie de Darier, retardant ainsi le traitement et augmentant le risque de contagion.
Le diagnostic de GHK repose sur l’aspect clinique particulier avec la présence d’au moins un site d’hyperkératose, associé à une prolifération parasitaire considérable lors de l’examen dermoscopique ou parasitologique. La KPP épaisse jaunâtre, parfois isolée chez le nourrisson, est très évocatrice du diagnostic. Contrairement à la gale typique, le visage est parfois atteint dans la GHK, et le prurit peut être absent, comme c’était le cas pour 62,5 % de nos patients.
Les recommandations préconisent le traitement des patients et des sujets en contact par des scabicides topiques et l’ivermectine par voie orale. Le pronostic est généralement bon, mais des complications peuvent survenir en cas d’immunodépression.
Conclusion |
La forme hyperkératosique de la gale (GHK) est mal connue, son diagnostic est souvent posé tardivement, d’où l’importance d’évoquer ce diagnostic devant toute lésion croûteuse chronique, même en l’absence de prurit.
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Vol 45 - N° S1
P. A212 - juin 2024 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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