Le surrisque thrombotique liée à l’infection Sars-Cov-2 est actuellement bien établi. Nous rapportons l’expérience de notre service à ce propos.

Il s’agit d’une étude rétrospective incluant les patients ayant présenté une complication thromboembolique concomitante et/ou suite à une infection Sars-Cov-2, parmi les patients hospitalisés dans notre service depuis juillet jusqu’à septembre 2021.

Parmi les 149 patients hospitalisés pour infection Sars-Cov-2, un évènement thromboembolique a été noté chez 15 patients. Il s’agissait de 8 hommes et 7 femmes. L’âge moyen était 38 ans avec des extrêmes de 23 à 94 ans. L’évènement thrombotique accompagnait l’infection Sars-Cov-2 ou survenait en post-covid respectivement dans11 et 4 cas avec des délais allant de un à 21jours. Il s’agissait de thrombose veineuse profonde des membres inférieurs chez 7 patients et du membre supérieur dans un cas. Une embolie pulmonaire était notée dans 9 cas. Elle était unilatérale dans 3 cas et bilatérale dans 6 cas, et distale ou proximale respectivement dans 6 et 3 de cas. Les deux évènements étaient associés chez une patiente. Une héparinothérapie curative à base d’HBPM ou d’héparine non fractionnée a été initiée respectivement dans 12 et 2 cas, et contre-indiquée pour thrombopénie sévère avec saignement actif à type gingivorragie associée à une hématurie dans un cas. D’autres facteurs de risque thrombotique étaient associés dans 13 cas à savoir l’âge dans 11 cas, l’obésité dans 4 cas, l’alitement dans 6 cas et des varices des membres inférieurs dans un cas. Le relai à l’héparine était fait par warfarine dans 6 cas et par anticoagulant oral dans 5 de cas. Une complication hémorragique était notée chez 2 patients. C’était à type d’hématome sous-cutané et d’hématémèse. L’évolution était favorable dans 11 cas. Quatre patients sont décédés suite à la survenue d’une fibrillation auriculaire rapide, d’un syndrome d’activation macrophagique, d’un cœur pulmonaire aigu et d’un syndrome coronarien aigu, chacun dans un cas.

Les anomalies de la coagulation concernent près de 15 % des patients infectés par Sars-Cov-2 et 70 % des formes sévères. Le mécanisme physiopathologique n’est que partiellement élucidé. En plus de l’état hyper-inflammatoire, une endothélite immunomédiée est fortement évoquée. Le dosage des D-dimères est capital dans la démarche diagnostique et permet de prévoir le pronostic. La prophylaxie est imposée chez tous les patients COVID hospitalisés et elle est discutée chez les patients COVID ambulatoires.

Le risque thromboembolique lié à l’infection Sars-Cov-2 constitue un défi imposant une évaluation rigoureuse en vue d’une mise en place d’une stratégie anti-thrombotique adaptée.