Ulcération frontale chronique suite à une mucormycose post-COVID-19 - 08/06/24
Résumé |
Introduction |
Le syndrome trophique trigéminal (STT) est un syndrome rare qui se caractérise par une triade comprenant une ulcération cutanée avec une anesthésie et des paresthésies du territoire sensoriel du trijumeau. Des localisations atypiques, notamment les lèvres, les joues, le cuir chevelu, le palais et le front, ont été rapportées. Nous rapportons une présentation atypique du STT suite à une mucormycose rhino-orbito-cérébrale (MROC) associée à la COVID-19.
Observation |
Il s’agissait d’une patiente âgée de 68 ans qui s’est présentée avec une ulcération frontale droite, insensible, siège de paresthésies persistantes, évoluant depuis 2 mois. Elle avait par ailleurs, une histoire d’infection sévère COVID-19, 8 mois auparavant, compliquée d’une MROC. L’infection avait été jugulée par une cure d’amphotéricine B en IV et une énucléation oculaire droite. L’examen clinique révélait une ulcération bien circonscrite en forme de croissant de 4×2cm avec des bords nécrotiques au niveau de la partie fronto-pariétale droite et une alopécie cicatricielle. Les prélèvements mycologiques et bactériologiques étaient négatifs. L’histologie n’avait pas montré de signes de malignité ni d’infiltrats inflammatoires ou infectieux. En se basant sur la présentation clinique, l’examen histologique et le terrain particulier de cette patiente, le diagnostic de STT suite à une MROC post-COVID-19 a été retenu. Un traitement général par carbamazépine associée à un antihistaminique et des pansements hebdomadaires avaient permis une bonne évolution.
Discussion |
Le STT est une entité rare, avec moins d’une centaine de cas recensés. L’atteinte nasale est la topographie la plus fréquente. Le diagnostic de STT est souvent difficile et les erreurs diagnostiques sont fréquentes. Le diagnostic différentiel se pose avec les tumeurs cutanées, les vascularites, les maladies infectieuses, les maladies granulomateuses et la dermatite factice. Notre patiente a développé un STT suite à une MROC, une association non encore rapportée dans la littérature, mais qui pourrait s’expliquer par la propagation périneurale de la mucormycose. En effet, bien que la pathogenèse du STT soit encore mal élucidée, certains auteurs ont suggéré le rôle d’un éventuel dommage au nerf trijumeau ou à ses branches, tel qu’un traumatisme, une infection, une tumeur ou un accident vasculaire cérébral ischémique. La mucormycose est une infection fongique invasive très rare et souvent mortelle, qui touche les patients immunodéprimés. La MROC en est la présentation clinique la plus courante. Récemment, la MROC a connu une résurgence pendant la pandémie de la COVID-19 et a été associée à une douleur faciale intense et un engourdissement du côté atteint, affectant principalement les régions V1 et V2 du nerf trijumeau. Cette symptomatologie neurologique aurait déclenché chez notre patiente l’automutilation inconsciente et la formation secondaire de l’ulcération cutanée.
Conclusion |
Nous rapportons un cas de STT suite à une MROC associée à la COVID-19 afin de sensibiliser à ce diagnostic différentiel rare mais important à considérer dans les cas d’ulcération faciale unilatérale persistante.
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Vol 45 - N° S1
P. A210-A211 - juin 2024 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.