L’érythème induré de Bazin : étude de 9 cas dans un pays d’endémie tuberculeuse - 08/06/24
Résumé |
Introduction |
L’érythème induré de Bazin (EIB) est défini comme une vascularite nodulaire dont l’étiopathogénie et le traitement restent sujets à controverse. Le but de notre travail est de préciser les particularités cliniques de cette affection et de discuter les options thérapeutiques.
Patients et méthodes |
Étude rétrospective des cas d’EIB diagnostiqués dans notre service de dermatologie entre 2004 et 2023. Le diagnostic d’EIB a été porté sur l’aspect clinique et histologique.
Résultats |
Durant les 19 ans d’étude, nous avons colligé 9 cas (7 femmes et 2 hommes). L’âge moyen était de 61,5 ans. Les lésions des jambes évoluaient par poussées durant une période variant de 2 mois à 20 ans. Il n’y avait pas de notion de contage tuberculeux. L’examen a montré des lésions nodulaires, sous cutanées, indurées à surface brunâtre siégeant au niveau des jambes. L’ulcération secondaire a été observée dans 2 cas. La biopsie de ces lésions a montré une hypodermite mixte avec vasculite septale dans tous les cas et un granulome tuberculoïde sans nécrose caséeuse dans 8 cas. L’IDR à la tuberculine était fortement positive dans 5 cas. La radiographie thoracique était sans anomalies et la recherche du bacille de koch dans les crachats et les urines était négative dans tous les cas. La PCR a permis de détecter l’ADN de Mycobacterium tuberculosis (MK) au niveau du site lésionnel dans un seul cas. Un autre cas avait une tuberculose extracutanée à localisation ganglionnaire. Dans ces 2 cas, on a opté pour le traitement antituberculeux (TAT). Les autres options thérapeutiques choisies étaient la colchicine (5mg/j) dans 4 cas, la dapsone (100mg/j) dans 1 cas et la doxycycline (200mg/j) dans 1 cas. Une patiente a refusé le traitement. L’évolution était bonne avec guérison complète dans 6 cas au prix de cicatrices hyperpigmentées. Aucun effet indésirable lié aux traitements n’a été signalé.
Discussion |
L’EIB est une affection rare posant encore un problème étiologique. La plupart des auteurs le considère comme une réaction d’hypersensibilité à de multiples antigènes dont le plus incriminé est le MK. Cependant, bien que la Tunisie constitue un pays endémique, l’origine tuberculeuse n’a pu être prouvée que dans 2 cas dans notre série (une PCR MK positive sur une biopsie cutanée et un cas de tuberculose ganglionnaire associée). Dans ces 2 cas, le TAT pendant 6 mois était efficace. En absence de preuve de l’origine tuberculeuse, d’autres alternatives thérapeutiques mieux tolérées peuvent être envisagées comme la dapsone ou la colchicine. À la limite de notre connaissance, le recours à la doxycycline dans le traitement de l’EIB n’a pas été rapporté. Dans le cas de notre patiente, cette molécule a permis une guérison complète avec une bonne tolérance. Son efficacité pourrait être expliquée par ses effets anti-inflammatoires.
Conclusion |
La dapsone, la colchicine, et la doxycycline semblent constituer des alternatives efficaces et bien tolérées dans le traitement de l’EIB en cas de négativité du bilan étiologique.
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Vol 45 - N° S1
P. A205 - juin 2024 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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