Déterminants de la prescription des traitements de fonds au cours de la sarcoïdose : analyse d’une cohorte monocentrique de 242 patients - 08/06/24
Résumé |
Introduction |
La sarcoïdose est une maladie inflammatoire systémique dont la présentation clinique est très hétérogène en termes d’organe atteint et de sévérité. L’introduction d’un traitement de fond, les corticoïdes en 1ère intention en général, répond aux conditions de sévérité des manifestations et à la présence de facteur de risque de mauvais pronostic. L’introduction d’un traitement immunomodulateur (hydroxychloroquine) ou immunosuppresseur ou d’une biothérapie est discutée selon les organes atteints, la sévérité de l’atteinte, la réponse à une 1ère ligne de traitement et le besoin d’une épargne cortisonique.
Patients et méthodes |
Il s’agit d’une étude observationnelle monocentrique de 242 patients suivis pour une sarcoïdose systémique (critères WASOG) dans le Département Universitaire de Médecine Interne. Les paramètres épidémiologiques non modifiables (âge, genre, phototype/origine ethnique), cliniques au diagnostic et thérapeutiques ont été collectés, dans le respect des règles éthiques des études hors loi Jardé. Pour l’analyse statistique, nous avons comparé les patients selon la prescription ou non de traitement corticoïde (CTC+ vs CTC−), d’hydroxychloroquine (HCQ+ vs HCQ−) ou d’un immunosuppresseur (IS+ vs IS−). Une analyse multivariée en régression logistique a été systématiquement appliquée en présence de plusieurs variables associées significativement en analyse univariée.
Résultats |
Les patients étaient majoritairement des femmes (57 %, n=137), l’âge au diagnostic était de 45 ans (IC95 % : 43,5 à 47) et la durée moyenne de suivi de 9,4 ans (IC95 % : 9 à 10). Les manifestations cliniques les plus fréquentes au diagnostic étaient les suivantes : ganglionnaires (82 %), pulmonaires (60 %), oculaires (33 %), neurologiques (26 %), cutanées (24 %), hépatiques (20 %), ORL (17 %), rhumatologiques (14 %) et cardiaques (5 %). Les sujets à peau noire (36 %, n=88), comparés aux leucodermes, se distinguaient uniquement par des atteintes hépatique (37,5 vs 10 %, p<0,0001), pulmonaire (72 vs 54 %, p=0,007) [de stade 2 essentiellement (67 vs 47 %)] et ganglionnaire médiastinale (89 vs 78 %, p=0,04) plus fréquentes. Les traitements proposés au cours du suivi étaient les suivants : CTC chez 171 patients (71 %), HCQ 41 patients (17 %) et IS 84 patients (35 %), dont le méthotrexate 58 patients (24 %), l’azathioprine 24 patients (10 %), le cyclophosphamide 22 patients (9 %), le mycophénolate 14 patients (6 %), les anti-TNF 35 patients (14,5 %) et les JAK inhibiteurs 3 patients (1 %). Après analyse uni- puis multivariée :
• | la prescription de CTC était indépendamment associée à la présence d’une atteinte neurologique (OR=12,9, IC95 % 3,7–45, p=0,0001), hépatique (OR=3,6, IC95 % 1,2–10,5, p=0,02) et oculaire (OR=3, IC95 % 1,4–6,7, p=0,007) et aux patients à peau noire (OR 3, IC95 % 1,4–6,5, p=0,0045) ; |
• | la prescription d’IS était indépendamment associée à la présence d’une atteinte cardiaque (OR=10,8, IC95 % 2,1–55, p=0,004) et neurologique (OR=3,8, IC95 %2–7,3, p=0,0001) et aux sujets à peau noire (OR=2,6, IC95 % 1,4–4,8, p=0,002), avec une tendance pour l’atteinte oculaire (OR=1,9, IC95 % 0,99–3,4, p=0,052) ; |
• | la prescription d’HCQ était indépendamment associée à la présence d’une atteinte cutanée (OR=6,5, IC95 % 3–13,9, p<0,0001), pulmonaire (OR=2,8, IC95 % 1,2–6,7, p=0,017) et aux sujets à peau noire (OR=2,45, IC95 % 1,1–5,2, p=0,025). |
Conclusion |
Les données de la littérature rapportent que les sujets à peau noire seraient plus à risque de sarcoïdose que les leucodermes, avec des formes plus précoces [1 ], des atteintes multi-organiques plus fréquentes, plus de formes interstitielles pulmonaires, souvent plus sévères [2 ] avec un risque plus élevé de rechute dans les formes cardiaques. Dans notre étude, les sujets à peau noire avaient plus d’atteinte pulmonaire (essentiellement de stade 2) et hépatique, ce qui pourrait paraître insuffisant pour expliquer une prescription plus fréquente de traitement de fond.
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Vol 45 - N° S1
P. A126 - juin 2024 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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