Prévalence et phénotype associé aux anticorps anti-Ro52-kDa/SSA (TRIM21) dans la sclérodermie systémique : données d’une cohorte française, revue de la littérature et méta-analyse - 08/06/24
Résumé |
Introduction |
Les anticorps dirigés contre l’antigène Ro52-kDa/SSA (TRIM21) font l’objet d’un intérêt croissant dans différentes maladies auto-immunes et sont parfois rapportés comme une des spécificités les plus fréquentes d’autoanticorps chez les patients atteints de sclérodermie systémique (SSc). Il persiste cependant une importante hétérogénéité, tant en terme de prévalence globale que de manifestations cliniques associées à cet autoanticorps dans la SSc.
L’objectif de ce travail était donc de déterminer la prévalence des anticorps anti-TRIM21 dans la SSc, et de décrire le phénotype clinique associé à cette séropositivité, à travers une revue systématique de la littérature, une méta-analyse, ainsi que de nouvelles données de notre cohorte.
Patients et méthodes |
La prévalence des anticorps anti-TRIM21 et les caractéristiques cliniques associées ont d’abord été étudiées chez 300 patients atteints de SSc, inclus de manière consécutive dans notre cohorte. Une revue systématique de la littérature a été réalisée via Pubmed et Embase, suivie d’une méta-analyse incluant les données de prévalence, les caractéristiques cliniques, démographiques et biologiques des patients sclérodermiques, ainsi que le type de test utilisé pour la détection des anticorps anti-TRIM21.
Résultats |
Dans notre cohorte, la prévalence des anticorps anti-TRIM21 était de 26 % [IC95 % : 21,1–31,3]. Les anticorps anti-centromères étaient les autoanticorps spécifiques de la SSc les plus fréquemment associés aux anticorps anti-TRIM21. Les patients exprimant des anticorps anti-TRIM21 étaient plus fréquemment des femmes (91 % vs 77 %, p=0,006), avaient une plus grande probabilité de présenter un chevauchement avec un syndrome de Sjögren (31 % vs 11 %, p<0,001), une hypertension artérielle pulmonaire (21 % vs 9 %, p=0017) et des complications digestives telles que la dysphagie (20 % vs 9 %, p=0,038) ou les nausées/vomissements (18 % vs 5 %, p=0,009) que les patients sans anticorps anti-TRIM21.
Trente-cinq articles correspondant à un total de 11 751 patients atteints de SSc ont été inclus dans la méta-analyse. Dans cette population, la séroprévalence globale des anticorps anti-TRIM21 était de 23 % [IC95 % : 21–27 %] avec une importante hétérogénéité (I2 : 93 % Phet : < 0,0001), partiellement expliquée par la méthode de détection utilisée. La séropositivité pour les anticorps anti-TRIM21 était positivement associée au sexe féminin (OR : 1,60 [1,25, 2,06]), à une atteinte cutanée limitée (OR : 1,29 [1,04, 1,61]), ainsi qu’à la présence de manifestations articulaires (OR : 1,33 [1,05, 1,68]), d’une hypertension pulmonaire (OR : 1,82 [1,42, 2,33]), et d’une pneumopathie interstitielle diffuse (OR : 1,31 [1,07, 1,60]).
Conclusion |
Les anticorps anti-TRIM21 co-existent fréquemment avec les principales spécificités d’autoanticorps habituellement retrouvées dans la SSc, mais sont indépendamment associés à des formes plus sévères de la maladie, avec notamment un risque accru de complications cardio-pulmonaires. Il paraît donc important, à l’avenir, de considérer la présence de cet autoanticorps dans la prise en charge des patients atteints de SSc, en particulier lors du dépistage des complications, de la prise de décisions thérapeutiques ou de la conception de futurs essais cliniques.
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Vol 45 - N° S1
P. A123-A124 - juin 2024 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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