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Sécurité des traitements de fertilité chez les femmes atteintes de lupus érythémateux systémique : résultats de l’étude prospective multicentrique française GR2 - 08/06/24

Doi : 10.1016/j.revmed.2024.04.421 
A. Dernoncourt 1, , G. Guettrot-Imbert 2, L. Sentilhes 3, E. Diot 4, V. Queyrel 5, A. Molto 6, T. Goulenok 7, M. Le Bernerais 4, N. Morel 2, L. Mouthon 2, V. Le Guern 2, N. Costedoat-Chalumeau 2

le groupe du GR2

1 Médecine interne, CHU Amiens-Picardie, Amiens, France 
2 Médecine interne, hôpital Cochin, AP–HP, Paris, France 
3 Gynécologie obstétrique, CHU de Bordeaux, Bordeaux, France 
4 Médecine interne, CHU de Tours, Tours, France 
5 Médecine interne, CHU l’Archet, Nice, France 
6 Rhumatologie, hôpital Cochin, Paris, France 
7 Médecine interne, hôpital Bichat–Claude-Bernard, Paris, France 

Auteur correspondant.

Résumé

Introduction

Le lupus érythémateux systémique (LES) affecte principalement les femmes en âge de procréer et est associé à un risque accru de poussées au cours de la grossesse et de complications obstétricales maternelles et fœtales [1]. Les hormones stéroïdes féminines jouent un rôle important dans sa physiopathologie en modulant la réponse immunitaire [2].

La fertilité des patientes lupiques peut être altérée, le plus souvent de façon indépendante du lupus, avec nécessité d’utiliser des hormones sexuelles exogènes. Nous avons évalué le devenir des grossesses obtenues après utilisation de ces traitements en comparaison aux grossesses spontanées chez les patientes lupiques incluses dans l’étude prospective du GR2 (Groupe de Recherche sur la Grossesse et les Maladies Rares, NCT02450396).

Patients et méthodes

Nous avons analysé toutes les grossesses chez des femmes atteintes de LES (selon les critères SLICC 2012) incluses dans l’étude GR2 depuis 2014, conçues avant le 01/08/2022, avec des données de fin de grossesse disponibles et dont le mode de conception (naturel ou assisté) était connu. Les grossesses assistées étaient obtenues par induction de l’ovulation (IO), insémination intra-utérine (IUI) après stimulation ovarienne ou par fécondation vitro (FIV), avec ou sans injection intracytoplasmique de spermatozoïde (ICSI). L’activité de la maladie était évaluée à l’aide du SLE Disease Activity Index-2000 (SLEDAI-2K) adapté à la grossesse (SLEPDAI) [1]. Les séquelles étaient définies selon le SLICC-Damage index [1]. Les poussées étaient définies selon le Selena Flare index (SFI) [1]. Les complications obstétricales étaient définies par le score composite suivant : mort fœtale in utero inexpliquée à partir de 12 semaines d’aménorrhée (SA), prématurité (< 37 SA) liée à une insuffisance placentaire, petit poids pour l’âge gestationnel (PPAG) (≤ 3e percentile) et/ou mort néonatale [1]. Les taux de naissances vivantes et les incidences de poussées de la maladie et de complications obstétricales des grossesses assistées étaient comparées aux grossesses naturelles. Les grossesses par FIV/ICSI étaient évaluées séparément et comparées au même groupe contrôle.

Résultats

630 grossesses ont été analysées, dont 53 assistées et 577 naturelles chez respectivement 48 et 478 femmes. Deux grossesses assistées (3,8 %) ont été obtenues par IO, 12 (22,6 %) par IUI, et 39 (73,6 %) par FIV/ICSI. Un syndrome des antiphospholipides associé était présent dans 3 (5,7 %) grossesses assistées (vs n=71, 12,3 %, p=0,18). À l’inclusion, l’âge gestationnel médian était de 9 SA pour les deux groupes, tandis que l’âge moyen était plus élevé (35,8 ans vs 32,3 ans, p<1,10-4) et les grossesses gémellaires plus fréquentes (5/50, 10,0 % vs 20/554, 4,5 % ; p=0,047) pour les grossesses assistées. Les caractéristiques de la maladie lupique n’étaient pas significativement différentes entre les deux groupes. Le LES était cliniquement inactif dans 51 (96,2 %) grossesses assistées (vs 511/570, 89,6 % ; p=0,15), la majorité (35/45, 77,8 %) n’avait pas de séquelles (vs 448/513, 87,3 % ; p=0,07) et presque toutes (n=52, 98,1 %) étaient sous hydroxychloroquine (vs n=561, 97,2 % ; p=1,0). Le taux de naissances vivantes était similaire entre les grossesses assistées et naturelles (n=46, 86,8 % vs n=505, 87,5 % ; p=0,83). Au moins une poussée est survenue au cours de 9 (17 %) grossesses assistées (vs 96/565, 17 % ; p=0,74), la plupart cutanéomuqueuses et articulaires. Deux (3,8 %) poussées sévères sont survenues dans ce groupe (vs 21/565, 3,7 % ; p=0,99). Parmi les grossesses évolutives au-delà de 12 SA, au moins une complication obstétricale est survenue dans 8 grossesses assistées sur 48 (16,7 %) (vs 86/525, 16,4 % ; p=0,98). Les incidences cumulées des poussées et des complications obstétricales ne différaient pas entre les deux groupes. Les résultats étaient similaires pour les analyses limitées aux grossesses obtenues par FIV/ICSI. Aucun évènement thrombotique n’est survenu parmi les grossesses assistées.

Conclusion

Chez des patientes ayant globalement un lupus stable ou inactif, le recours aux traitements de fertilité n’augmentait pas significativement le risque de complications en comparaison aux grossesses spontanées. Ces résultats fournissent des données rassurantes et soutiennent les recommandations actuelles visant à autoriser l’utilisation de ces traitements chez les femmes lupiques infertiles sous réserve de conditions optimales de conception [2].

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Vol 45 - N° S1

P. A118 - juin 2024 Retour au numéro
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