DREPACAT. Infections liées aux cathéters veineux centraux chez les drépanocytaires adultes : étude rétrospective sur 10 ans. - 29/05/24
Résumé |
Introduction |
Les infections de cathéters veineux centraux (ICVC) sont associées à une importante morbi-mortalité. Le syndrome drépanocytaire majeur (SDM) est la maladie génétique la plus fréquente en France (>20000 patients). Les SDM ont fréquemment recours aux CVC pour la gestion des CVO ou des échanges transfusionnels du fait d'un faible capital veineux. Il n'existe pas de données concernant l'ICVC chez les patients avec SDM.
Matériels et méthodes |
Cette étude regroupe tous les cas d'ICVC diagnostiqués entre 2012 et 2022 parmi une cohorte de 500 SDM adultes suivis dans un centre de référence. Identifiée à l'aide du codage PMSI, cette cohorte est décrite puis une étude cas-témoins nichée est réalisée pour déterminer les facteurs de risque d'infection de chambre à cathéter implantable (ICCI) avec des cas (SDM+ICCI) qui ont été comparés à des témoins (SDM+CCI sans infection).
Résultats |
Parmi 30 patients avec SDM, dont 19 femmes, d'âge médian 29 (19-65), 57 ICVC ont été identifiées, dont 23 liées à des CVC de courte durée (40.3%), 22 ICCI (38.7%), 6 infections liées à des PICCline (10.5%) ou des CVC tunnélisés (10.5%). Les délais médians entre la pose et l'ICVC ou l'ICCI étaient respectivement de 68.5 j (5-1884) et 301 j (10-1884). Au diagnostic, 44 patients (80%) étaient fébriles, 20 (35,7 %) présentaient des signes locaux d'ICVC, les taux médians de CRP et de leucocytes étaient respectivement 73,4 mg/L (6,3-361) et 11,8 G/L (2,4-73,4), 54,7 % étaient hyperfiltrants, 68.6% avaient un délai différentiel de pousse en faveur d'une ICVC (34/58) et la culture du CVC était positive dans 81.3% des cas (39/48). Les microorganismes en causes étaient Staphylococcus aureus (18, 31,6 %) dont 3 SARM, des staphylococcus coagulase négative (13, 22.8%) dont 9 SERM, des entérobactéries (12, 21.1%) dont 3 BLSE et Pseudomonas aeruginosa (12, 21.1%). L'antibiothérapie était de 14 jours en médiane (3-51), lorsqu'un dosage était réalisé, un sous dosage était observé dans un tiers des cas (2/6), tous chez des patients hyperfiltrants. L'ablation de CCI était réalisée dans 77,3% des cas (12/22) dont 75% d'échec de verrou antibiotique (9/12). L'ICVC était associée à une CVO lors de 47 épisodes (82.5%), se compliquait de thromboses dans 21.1% des cas (12) et de métastases septiques secondaires (8.8%, 2 EI et 3 IOA), de passage en USI (7, 12.3%) mais d'aucun décès à J30. La durée d'hospitalisation médiane était de 20 jours (3-57), et à distance, 14 patients (46,7%) ont présenté une récidive. L'étude comparative, appariant 16 cas à 16 témoins retrouve comme facteurs associés à un surrisque d'ICCI l'IMC>30 (p=0.0035), un suivi en psychiatrie (p<0.001), une addiction aux opiacés (p=0.0023), un nombre plus élevé de CVO hospitalisée (5.5 vs 2 par an ; p<0.001) et un nombre plus élevé de STA (6.5 vs 2.5 ; p=0.019).
Conclusion |
Dans cette cohorte, l‘ICVC du patient avec SDM était responsable d'une morbidité importante, et d'un fort taux de récidive. L'obésité, le suivi psy/addictologique, la gravité de la drépanocytose étaient associés à un surrisque d'ICCI.
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Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Vol 3 - N° 2S
P. S77 - juin 2024 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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