Infections fongiques invasives chez les patients atteints d'une hémopathie maligne au CHU de La Réunion : une étude descriptive et ambispective (2018-2022) - 29/05/24
Résumé |
Introduction |
Les infections fongiques invasives (IFIs) représentent une complication grave en hématologie. Cependant, aucune étude n'a été réalisée sur ce sujet à l'île de La Réunion. Pourtant, il existe des variations géographiques dans l'épidémiologie des IFIs et c'est le premier territoire ultramarin français à réaliser l'allogreffe de CSH en novembre 2021, thérapeutique à risque fongique majeur. L'objectif de cette étude était d'estimer l'incidence des IFIs chez les patients d'hématologie au CHU de La Réunion.
Matériels et méthodes |
Nous avons mené une étude descriptive et ambispective du 1er janvier 2018 au 31 décembre 2022. Nous avons inclus tout patient majeur, atteint d'une hémopathie maligne et d'une IFI putative, possible, probable ou prouvée, définie selon les critères de l'EORTC/MSG 2019. Les données ont été collectées à partir des dossiers médicaux et ont été identifiées à partir du codage CIM-10 et des résultats de laboratoire. Le calcul de l'incidence était une estimation à partir de la file active de patients suivis en hématologie sur la période. Certaines analyses (antigène galactomannane jusqu'en 2019, PCR aspergillaire et mucormycose jusqu'en 2021 et 2022, beta-D-glucane tout au long de l'étude) étaient envoyées en métropole, retardant ainsi le délai des résultats de 2 semaines.
Résultats |
Quatre-vingt-neuf IFIs ont été diagnostiquées chez 76 patients: 43 prouvées, 28 probables, 12 possibles, 6 mucormycoses putatives. L'incidence annuelle des IFIs était de 1,8 % (IC à 95% 1.4-2.2) et était plus élevée en 2022. L'aspergillose invasive (AI) était l'infection la plus courante (35/89, 39 %), suivie de la candidose invasive (33/89, 37 %), de la mucormycose (7/89, 8 %) et de la pneumocystose (7/89, 8 %). La majorité des IFIs ont touché les patients atteints de leucémie aiguë myéloïde (32/89, 36 %). La culture et la PCR se sont montrées peu rentables pour le diagnostic des AI, tandis que la PCR permettait de faire le diagnostic de la majorité des mucormycoses. Les AI étaient souvent diagnostiquées grâce à l'antigène galactomannane. Les candidémies étaient dominées par les espèces de Candida non albicans (18/31, 58%) avec C. parapsilosis en tête de file. La mucormycose présentait le taux de mortalité le plus élevé (5/7, 71 %), tandis qu'il était plus faible pour l'AI (12/35, 34 %) et la candidose invasive (11/33, 33 %).
Conclusion |
L'incidence et la distribution des IFIs étaient similaires à celles des cohortes européennes, bien que présentant davantage de mucormycoses, moins de pneumocystoses et une proportion élevée de C. parapsilosis dans les candidémies. Notre taux élevé de mortalité pour les mucormycoses souligne l'importance d'un diagnostic et d'un traitement adapté rapide contre cette infection. Nos techniques de diagnostic des filamenteux pourraient être améliorées ainsi que les délais de résultats, ce qui pourrait accélérer la mise en route d'un traitement antifongique adapté. Cette étude permet de mieux connaître l'épidémiologie des IFIs chez les patients d'hématologie à La Réunion, aux débuts de l'allogreffe de CSH, pour une meilleure prise en charge.
Aucun lien d'intérêt
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Vol 3 - N° 2S
P. S72-S73 - juin 2024 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
L’accès au texte intégral de cet article nécessite un abonnement.
Déjà abonné à cette revue ?