Epidémiologie de l'infection à Chromobacterium violaceum en Amazonie française entre 2016 et 2022 - 29/05/24
Résumé |
Introduction |
Chromobacterium violaceum est une bactérie omniprésente sans l'environnement des régions tropicales. L'objectif de cette étude était de caractériser les cas d'infections à Cv pris en charge en Guyane.
Matériels et méthodes |
Il s'agit d'une étude descriptive rétrospective monocentrique de tous les cas diagnostiqués par le laboratoire de microbiologie du Centre hospitalier de Cayenne (CHC) entre 2016 et 2022. La population d'étude était tous les patients pris en charge sur cette période au CHC et dans les centres délocalisés de prévention et des soins répartis dans les communes de l'intérieur. Des variables démographiques, biologiques, microbiologiques, cliniques et évolutives ont été recueillies et analysées. Les cas ont été définis comme nosocomiaux si l'infection est survenue plus de 48 heures après l'admission du patient à l'hôpital. Les cas graves ont été définis par une hospitalisation en réanimation.
Résultats |
Sur la période d'étude, 18 patients ont été inclus. L'âge médian était de 37 ans (IQR25-75 : 28-53, min-max 0-81 ans). Le sex ratio homme/femme était de 2.6. Les patients étaient nés à l'étranger dans > 50% des cas, 56% vivaient dans l'Ouest guyanais sur le fleuve Maroni, 39% à Cayenne, et seulement 1 dans la région de Kourou. La moitié d'entre eux étaient porteurs d'une pathologie chronique. Une hospitalisation a été nécessaire dans 89% des cas. Les tableaux cliniques les plus fréquemment retrouvés étaient une infection ostéoarticulaire (22%), de la peau et des tissus mous (22%), une infection de cathéter central (17%). La porte d'entrée la plus fréquemment retrouvée était cutanée (67%), puis un cathéter central (11%). La contamination était environnementale dans 67% des cas, nosocomiale dans 17% des cas et autre dans 17% des cas. Les prélèvements les plus fréquemment positifs étaient le pus/plaie ou tissu nécrosé (53%), les hémocultures (38%), suivis des biopsies osseuses (16%) et des prélèvements génito-urinaires (16%). Les prélèvements étaient polymicrobiens dans 67% des cas avec plus de 2 germes dans 33% des cas. Les germes les plus fréquemment retrouvés étaient Enterobacter cloacae (39%) suivi d'Aeromonas hydrophila (22%). Cv était souvent résistant à pipéracilline/tazobactam, amoxicilline/clavulanate, ticarcilline, et à la ceftazidime. Parmi les 18 patients, 28% ont nécessité une admission en réanimation et 3 (17%) sont décédés, parmi lesquels seul 1 pour lequel Cv était imputable.
Conclusion |
Dans notre étude, Cv était régulièrement responsable de surinfection de plaies des fractures ouvertes par l'environnement, expliquant le caractère souvent polymicrobien et l'association à d'autres germes environnementaux comme A. hydrophila. L'infection nosocomiale de KTC était également fréquente. La morbidité et la mortalité étaient plus liées au terrain ou à la plaie délabrante sous-jacente qu'à l'infection à Cv lui-même bien que ce germe soit résistant aux antibiotiques habituellement utilisés dans ces circonstances. Il est donc nécessaire d'obtenir une identification bactérienne et un antibiogramme de façon à adapter les antibiotiques au profil de résistance de ce germe aquatique tropicale.
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Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Vol 3 - N° 2S
P. S68 - juin 2024 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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