Evaluation des pratiques professionnelles sur la pertinence des prescriptions d'antigénurie à pneumocoque - 29/05/24
Résumé |
Introduction |
L'antigénurie pneumocoque est un test très utilisé en pratique courante pour le diagnostic de pneumopathie à pneumocoque. Réaliser ce test en urgence suppose une décision thérapeutique à son terme. Or face à une pneumopathie, une béta-lactamine couvrant le pneumocoque est majoritairement prescrite en première intention. Ce travail a pour objectif d'évaluer la pertinence des prescriptions de l'antigénurie à pneumocoque lors de la prise en charge d'une pneumopathie dans un établissement de santé.
Matériels et méthodes |
Le recueil de données a été réalisé de façon rétrospective sur tous les résultats d'antigénuries pneumocoque du 1er au 14 décembre 2022 au sein d'un établissement multisite de 2200 lits. Les tests réalisés sur cette période ont été extraits avec l'aide du laboratoire. Pour chaque test réalisé, le Dossier Patient Informatisé (DPI) DxCare® a été consulté à l'aide d'une grille d'audit. Les résultats ont été analysés via un tableau Excel®.
Résultats |
Parmi les 147 dossiers analysés, 10% (15/147) des antigénuries pneumocoques étaient positives. Les prescriptions étaient issues des urgences pour 51% (75/147), des services de réanimation pour 12% (18/147), de cardiologie pour 10% (15/147) et des autres services de médecine pour 26% (39/147). Aucun antibiotique n'a été prescrit pour 13% (20/147) des patients car un autre diagnostic avait finalement été retenu. Parmi les 127 patients qui ont reçu une antibiothérapie probabiliste, 61% (77/127) l'ont reçu avant la réalisation du test et bénéficiaient d'une molécule ciblant le pneumocoque. Une modification de l'antibiothérapie a été observée chez seulement 6% (7/127) des patients mais aucun cas de désescalade vers de l'amoxicilline n'a été observé. Par ailleurs, dans 44% (65/147) des dossiers, une autre documentation était retrouvée (hémocultures, crachats, ECBU) et pour 14% (21/147) des patients une composante cardiaque était rapportée. A noter que parmi tous les tests positifs (15/147), un seul patient présentait une hémoculture positive à pneumocoque et un autre patient un ECBC positif à pneumocoque. Le test d'antigénurie pneumocoque est facturé 27€. En 2022, 2581 antigénuries pneumocoque ont été réalisées sur l'hôpital soit un coût annuel de 70 000€.
Conclusion |
Cet audit montre que l'antigénurie pneumocoque est prescrite par habitude sur l'établissement et qu'elle représente un coût non négligeable pour l'hôpital. De plus, le résultat du test a peu de conséquences pour le patient. Les résultats de cet audit ont été présentés à la commission des anti-infectieux de l'établissement, il a été décidé de limiter les prescriptions d'antigénuries aux services de réanimation ou au cas par cas sur prescription motivée ou lors de l'évolution défavorable des patients. Dans le but de limiter les prescriptions, un questionnaire de prescription a été paramétré et mis en place dans le DPI en précisant les indications et les non indications. Dans les autres services, les prélèvements respiratoires et les hémocultures sont recommandés lors de la prise en charge initiale d'une pathologie pulmonaire. Une communication a été réalisée auprès de tous les prescripteurs de l'établissement. Un 2ème tour d'audit sera proposé ultérieurement afin de mesurer l'efficacité des actions mises en place.
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Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Vol 3 - N° 2S
P. S55-S56 - juin 2024 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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