Dans un contexte mondial où la résistance aux antibiotiques est devenue un problème majeur de santé publique, il est important de réduire les durées de traitement afin de limiter la pression de sélection sur les bactéries. De plus, la réduction des coûts et des effets indésirables associés renforce l'intérêt des traitements courts.

L'objectif de cette étude est de comparer les durées d'antibiothérapies prescrites au cours des infections bactériennes courantes dans un service des Maladies Infectieuses par rapport aux recommandations de la SPILF-2021 pour les durées optimisées des traitements antibiotiques.

Etude rétrospective descriptive de type Audit, incluant tous les patients hospitalisés au service des Maladies Infectieuses et traités par une antibiothérapie pour une infection bactérienne certaine avec une évolution favorable, durant la période allant du 1^er Juin 2021 au 31 Décembre 2023. Les patients traités pour une infection nécessitant des durées prolongées d'antibiothérapie (≥14 jours) ont été exclus.

Un total de 200 dossiers ont été analysés. L'âge moyen des patients était 55,5 ± 17,9 ans. La durée moyenne d'hospitalisation était de 10,2 ± 4,3 jours. Il s'agissait d'infections communautaires dans la majorité des cas (n= 198, 99,9%). L'infection était documentée dans 54 cas (27%). Il s'agissait d'une infection à bactéries multi-résistantes (BMR) dans 17 cas (8,5%). Les principales indications de recours aux antibiotiques étaient: les infections de la peau et des tissus mous (n = 83, 41,5%), les pneumopathies aigues communautaires (n = 50, 25%) et les infections urinaires (n = 50, 25%). La durée moyenne d'antibiothérapie était de 11 jours [5–21 jours]. La durée d'antibiothérapie excédait la durée validée par la SPILF dans plus de la moitié des cas (n = 130, 65%). Les indications les plus fréquemment retrouvées dont la durée de l'antibiothérapie dépassait les durées optimisées sont: les infections de la peau et des tissus mous (n = 77, 92,7%) et les pneumopathies communautaires (n = 29, 58%). Le céfotaxime (n = 34, 26,2%) et la céfazoline (n = 61, 46,9%) font parties des antibiotiques les plus fréquemment prescrits avec une durée qui dépasse les durées courtes préconisées. Pour les 200 prescriptions d'antibiotiques, 596 jours dépassaient les durées recommandées. Aucun effet indésirable lié à la prolongation de l'antibiothérapie n'a été noté.

Notre étude montre que la durée d'antibiothérapie n'était pas adéquate par rapport aux recommandations dans plus de la moitié des cas. La mise en place d'un programme promouvant des durées courtes de traitements est urgente et s'inscrit dans le cadre de la politique de bon usage des antibiotiques.

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